Cette année, le Musée Paul Delvaux de Saint-Idesbald souhaite mettre l’accent sur les archives de la Fondation Paul Delvaux. Celle-ci possède, en effet, une collection de plus de 3 000 œuvres et un fonds d’archives important qui recèle des trésors inédits.
Trente-cinq ans après sa création, c’est avec enthousiasme qu’elle inaugure ainsi une politique qui se veut scientifique en consacrant à l’œuvre de Delvaux un cycle d’expositions annuelles et une nouvelle collection de publications.
Au travers de la première exposition, Paul Delvaux’s Best Wishes, est dévoilée une sélection de 21 dessins réalisés par l’artiste, entre 1955 et 1960, pour illustrer ses vœux et ceux de son épouse Tam.
La sélection s’est faite au départ d’une trentaine de projets dont la majorité est présentée au public pour la première fois. Seuls huit d’entre eux sont déjà sortis de leur carton. En effet, en 2008, ils furent présentés à Liège, pour l’exposition De demain à Delvaux : Delvaux, peintre des gares, mais leur nature inédite n’étant pas indiquée, ils ne furent pas identifiés comme tels. En 2012, à l’occasion de la célébration de trente années de collaboration entre la Fondation Paul Delvaux et le Japon, elle offrît aux Nippons la primeur de quelques-uns de ces dessins lors de l’exposition itinérante Odyssey of a Dream.
Ces créations, exécutées avec beaucoup de finesse sont surprenantes, parfois même insolites. Elles ont en commun la nostalgie du temps passé, thème précieux et récurant dans son œuvre. L’artiste aime nous plonger dans ses souvenirs d’enfance, le spectateur averti est habitué à ce type de voyage.
Le travail du dessin à la plume évoque quelque peu la ligne claire de la bande dessinée et est réalisé sur papier calque, probablement pour pouvoir reproduire plus facilement, et de manière multiple, ses projets. Une scène représentant la Mère à l’Enfant laisse percevoir les traces de crayon qui ont précédé la reprise à l’encre de Chine. La majorité d’entre elles se déclinent sur un double feuillet. L’un est occupé par le dessin tandis que l’autre porte un texte calligraphié, parfois brut et direct ou tel une enluminure destinée à véhiculer le message principal, transmettre les bons vœux de Tam et Paul.
Parfois l’artiste intègre directement les lettres au dessin comme si l’un ne pouvait pas aller sans l’autre.
Parcourir l’exposition permet de réaliser combien l’approche traditionnelle de la fête de Noël domine. Elevé dans une famille bourgeoise, Delvaux reçoit une éducation régie par les valeurs chrétiennes qu’il respecte même s’il n’est nullement pratiquant. Son travail artistique nous démontre d’ailleurs combien la religion fut une source d’inspiration féconde. Trois projets font une référence explicite à la Bible et renvoient aux scènes qui inspirèrent les plus grands artistes : la Nativité, la Pietà et l’Adoration des Rois mages.
Doucement, les paysages se familiarisent avec l’imaginaire du peintre, les rues de Jérusalem se couvrent de «chapeaux boules» sortes de pavés bombés, des poteaux électriques émergent sous la voûte céleste scintillante de mille étoiles, la lune, astre delvalien par excellence, apparaît comme un clin d’œil inconscient du peintre à son monde intime, des personnages commencent à peupler le paysage.
© Foundation Paul Delvaux, St. Idesbald, Belgium
Dès lors, les parallèles existant entre ces cartes de vœux et certains tableaux ne surprennent plus. De façon évidente, on pense à Nuit de Noël, mais en poussant l’exploration on retrouve des éléments et des détails présents dans Solitude, La gare forestière, Le canapé bleu ou encore Toutes les lumières.
La thématique récurrente du train trouve elle aussi, et fort logiquement, un large écho au sein de ces compositions apaisées. Un tiers des projets y est consacré par celui qui rêvait petit d’être chef de gare et qui a toujours gardé la nostalgie des locomotives à vapeur. Est-ce là le symbole du passage d’une année à l’autre ? À chacun de trouver sa propre interprétation.
Sans se trahir, Delvaux offre une vision adoucie de la sphère intime où la femme occupe invariablement une place privilégiée. Peut-être détient-elle secrètement les clés de ce monde mystérieux où elle déambule dans l’épaisseur du silence ?
Julie VAN DEUN
INFORMATIONS PRATIQUES :
FOUNDATION PAUL DELVAUX MUSEUM
Paul Delvauxlaan, 42
B-8670 St. Idesbald – Koksijde
Tél. +32 (0) 58 52 12 29
Fax. +32 (0)58 52 12 73
info@delvauxmuseum.com
Horaires :
– Du 04.04.2015 au 30.09.2015 du mardi au dimanche, de 10h30 à 17h30.
– Du 01.10.2015 au 03.01.2016 du jeudi au dimanche, de 10h30 à 17h30
et lors des vacances scolaires.
Tarifs :
Tarif plein : 10 € (Adulte)
Tarif réduit : 7 € (Senior, Etudiant, Groupe…)
Gratuit (0-6 ans)
MUSEUMPASS 13€/18€
Visites guidées sur rendez-vous
Commissaire : Julie Van Deun
Scénographe : Frédéric De Smedt