François Maspero, décédé le 11 avril 2015, était un écrivain et un biographe de valeur. Pour lui rendre hommage, nous avons ressorti de nos archives la recension ci-après, parue en 2007, d’un ouvrage magnifique et fort heureusement toujours disponible en librairie.
Le célèbre éditeur François Maspero est aussi un incorrigible romantique, comme le prouve L’ombre d’une photographe, Gerda Taro paru l’année dernière aux Éditions du Seuil. Il y dresse la biographie de la reporter-photographe, correspondante de guerre durant la guerre civile espagnole, qui mourut à 26 ans le 25 juin 1937 sur la route de Madrid, alors qu’elle venait de couvrir les violents combats de Brunete.
Avec un brio incontestable, il ressuscite la belle et libre Galicienne Gerta Pohorylle dont le poète Rafael Alberti assurait qu’elle avait « le sourire d’une jeunesse immortelle » et qui, du printemps 1936 à juillet 1937, signa du pseudonyme de Gerda Taro les clichés et les reportages qu’elle donna aux journaux français Ce Soir et Regards.
Elle était à ce moment la compagne de Robert Capa, le plus grand reporter de guerre de tous les temps, qui fonda dix ans plus tard avec Henri Cartier-Bresson la fameuse agence Magnum et mourra le 25 mai 1954 dans le Tonkin en marchant sur une mine.
Mais François Maspero ne se contente pas de faire revivre l’ombre de celle qui, appareil photo au poing et animée par l’espérance d’un monde meilleur, affronta les dangers avec une grâce et une inconscience désarmantes, il braque aussi une lumière aveuglante de lucidité sur les enjeux, les angoisses et les illusions de l’Europe à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
PÉTRONE
L’ombre d’une photographe, Gerda Taro par François Maspero, Paris, Éditions du Seuil, collection « Fiction & Cie », mars 2006, 137 pp. au format 15,5 x 20,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 14,20 € (prix France)