Ami de Richard Strauss, agrégé d’histoire et Prix Nobel de littérature en 1915 pour son immense Jean-Christophe en dix volumes, connu par ailleurs pour son œuvre plus qu’abondante et ses débats avec Sigmund Freud, Herman Hesse et Stefan Zweig, l’écrivain pacifiste français Romain Rolland (1866-1944) était aussi un grand connaisseur de la musique occidentale et de ses artistes – il fut le biographe de Beethoven (en 1903), de Haendel (en 1910), entre autres.
On doit par ailleurs à cet ancien élève de l’École normale supérieure Les Origines du théâtre lyrique moderne (1895), une thèse de doctorat érudite récompensée par un prix de l’Académie française publiée ensuite sous le titre Histoire de l’opéra avant Lully et Scarlatti, ou encore Musiciens d’aujourd’hui (1908), ainsi qu’un époustouflant Musiciens d’autrefois paru en 1908 et dans une version définitive en 1924.
Par cette expression, Romain Rolland désigne la culture musicale précédant le romantisme triomphant de son temps, c’est-à-dire pour l’essentiel la musique italienne des XVIIe et XVIIIe siècles et son importation en France, plus précisément l’histoire de l’évolution des formes dramatiques sur près de deux siècles.
C’est la version de 1924 que les Éditions Actes Sud en Arles ont ressortie ces jours-ci, dans laquelle il traite de l’opéra avant l’opéra, de L’Orfeo de Luigi Rossi, de Lully, de Gluck, de Grétry et de Mozart d’après ses lettres, avec un profond souci de la précision historique et une grande acuité de jugement.
De nombreuses données y sont réunies, d’autant plus intéressantes que certaines des questions soulevées et des observations de l’auteur n’ont rien perdu de leur actualité.
Passionnant !
PÉTRONE
Musiciens d’autrefois par Romain Rolland, préface de Gilles Cantagrel, Arles, Éditions Actes Sud, collection « Musique », novembre 2014, 286 pp. en noir et blanc au format 14 x 20,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 27 € (prix France)