Envolées lyriques et diatribes profondes…

Né à Castres (Tarn) le 3 septembre 1859, agrégé de philosophie et docteur, homme politique issu du monde rural, chrétien convaincu, dreyfusard, penseur et orateur hors pair, Jean Jaurès est l’un des pères fondateurs du parti socialiste français en 1902 et de la SFIO [1] en 1905 ainsi que du quotidien L’Humanité en 1904, auquel collaborent alors Anatole France, Octave Mirbeau et Jules Renard.

Pacifiste, Jaurès fut assassiné le 31 juillet 1914 par le nationaliste Raoul Villain [2] au Café du Croissant, 146, rue Montmartre à Paris (2e arrondissement), ce qui précipita le déclenchement de la Première Guerre mondiale par le ralliement de la gauche française, y compris de certains socialistes qui hésitaient, à l’« Union sacrée ».

Sa dépouille a été transférée au Panthéon en 1924 et ses idées métaphysiques ont fait l’objet d’une remarquable étude de feu Henri Guillemin (1903-1992), L’arrière-pensée de Jaurès parue chez Gallimard en 1966, dans laquelle sont exposés, avec la fougue qui était coutumière à l’historien bourguignon, les tenants et les aboutissants de l’engagement spirituel et politique du martyr de la paix qui avait aussi été député de Carmaux.

Pour commémorer le centenaire de son assassinat, les Éditions Librio à Paris ont rassemblé dans Les plus beaux discours les prises de parole les plus importantes de Jean Jaurès, notamment le discours des deux méthodes, le discours à la jeunesse et le discours de Vaise, prononcé la veille de sa mort.

Dans ces textes, il aborde de nombreuses questions :

Le socialisme est-il compatible avec la République ? Que propose le parti face à la crise du monde paysan ? Réformisme ou « classe contre classe » ? Quel rôle les prolétaires ont-ils joué dans l’histoire de France ? Que penser de la laïcité ? Peut-on vraiment être pacifiste en 1914 ?

Homme de valeur et de valeurs, notre tribun fut un protagoniste majeur du passage à la modernité de la République française au tournant du XXe siècle, et ses convictions généreuses n’ont pas pris une ride, si ce n’est que les socialistes d’aujourd’hui ne les partagent plus, tout occupés qu’ils sont par leurs jeux politiciens, leur ambition personnelle, leur course aux bonnes places et leurs affaires d’argent.

De quoi s’écrier : « Jaurès, reviens, ils sont devenus fous ! »

PÉTRONE

Les plus beaux discours de Jean Jaurès, Paris, Éditions Librio, collection « Idées »,  mai 2014, 127 pp. en noir et blanc au format 13 x 20,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 3 € (prix France)


[1] Section française de l’Internationale ouvrière.

[2] Qui fut acquitté pour ce crime le 29 mars 1919 après avoir passé la grande Guerre en prison, devint par la suite un délinquant de droit commun, perdit plus ou moins la raison et fut exécuté par des anarchistes le 17 septembre 1936, durant la guerre civile espagnole, à Ibiza où il s’était finalement réfugié.

Date de publication
jeudi 31 juillet 2014
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