Jérôme Catz est commissaire d’exposition indépendant depuis 2003 et il milite activement pour que les arts plastiques urbains gagnent leur place dans le monde de la culture. Il organise chaque année des expositions et a créé le réseau de centres d’art Spacejunk en France.
Il a aussi fait paraître chez Flammarion un fort intéressant album illustré intitulé Street art mode d’emploi dans lequel il initie le lecteur aux productions artistiques urbaines contemporaines qui sont tantôt provocatrices, politiques, monumentales ou poétiques – mais toujours sauvages… – et se déclinent sous des aspects aussi divers que le pochoir, l’installation, l’anamorphose, la sculpture, le collage ou les exploits.
Autant de champs d’interventions et de techniques que son ouvrage propose de décrypter afin de repérer et de mieux comprendre ce dernier-né des mouvements artistiques, qui se déploie à l’échelle planétaire et qui occupe désormais une place officielle dans l’histoire de l’art.
L’ouvrage se clôt sur l’élucidation de 30 notions clés, l’indication de 20 dates repères et la présentation de 30 artistes incontournables.
Signalons en outre aux amateurs qu’ils pourront voir une interview de l’auteur publiée sur Internet en se rendant à l’adresse suivante : http://www.youtube.com/watch?v=Txi1aAeC5nk
On n’arrête pas le progrès !
PÉTRONE
Street art mode d’emploi par Jérôme Katz, Paris, Éditions Flammarion, collection « Mode d’emploi » dirigée par Élisabeth Couturier, mai 2013, 256 pp en quadrichromie au format 19,5 x 23 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 29,90 € (prix France)
Pour vous, nous avons recopié dans cet album la présentation suivante, d’une artiste dont nous admirons le talent [1] :
Miss.Tic
Qui est-elle ?
Fille d’une famille modeste au destin tragique, Miss.Tic choisit son nom de scène dans le monde de la BD populaire. Née en 1956, orpheline à 16 ans, elle se lance dans le théâtre traditionnel et dans le théâtre de rue avant de tenter l’expérience américaine fin 1979. De retour à Paris trois ans plus tard, l’enfant de Montmartre conjugue les planches avec les arts appliqués et commence à marquer son territoire à coups de sentences réalisées au pochoir sur les murs. Miss.Tic est l’une des rares artistes féminines du street art de l’époque héroïque, l’une des plus connues et celle dont l’endurance et l’acharnement forcent le respect.
Poète du bitume, elle harangue le passant avec ses mots, aphorismes et faux proverbes. Tic incontrôlable ou toc sous contrôle, elle raconte avec drôlerie et esprit son rapport ou Mâle. Elle décline sa passion pour cet autre à qui elle ressemble par le risque physique qu’elle prend lors de ses interventions urbaines, alors même qu’elle soigne son image glamour. Elle crie haut et fort sa féminité comme celle de ses sœurs, avec ses états d’âme, ses envies et ses blessures et décline avec élégance et esprit la guerre des sexes …
Carnets intimes impudiquement révélés au quidam via un humour corrosif, prose en prise directe avec les tréfonds de nos âmes, parfois « brut de décoffrage », les œuvres de Miss.Tic parlent de la fragilité de l’existence, des joies et des peines qu’il faut vivre pleinement.
Son œuvre :
Ses textes courts et incisifs, provocateurs ou questionnant, accompagnent l’image d’une femme aguicheuse et sexy qui figure dans toutes les œuvres de la miss. Le rapport entre image et mots invite le passant à la réflexion. Ses pochoirs, où le noir et le rouge se chevauchent un brin, créent ce qu’il faut de contraste et de profondeur sur le béton ou la brique.
Depuis 1986, ses déclinaisons mots/images sont régulièrement transposées sur toile ou autres supports transportables et vendues en galerie. En usant de matériaux issus de la rue, comme du métal rouillé, des reconstitutions de murs, du bois ou des affiches lacérées, Miss.Tic introduit dans les intérieurs des collectionneurs la part indissociable d’urbanité attachée à son travail. Ses déclinaisons trouvent aussi leur place dans le monde de l’affiche, pour le cinéma ou la musique, et la grande maîtresse des haïkus parisiens s’expose de Venise à Londres, de Berlin à Singapour pour le meilleur et pour l’empire… de la poésie ! Citant Prévert ou elle-même, elle s’inspire de la mémoire des rues, elle s’engage et prend position, persiste et signe…
Elle a acquis une reconnaissance légitime, n’ayant jamais failli… d’ailleurs l’aurait-elle pu ?