Se penchant dans Les langues régionales de Wallonie sur l’histoire, la sociologie et le sort actuel du wallon, du picard, du gaumais et du champenois, Michel Francard qui enseigne la linguistique à l’UCL, y démontre non seulement l’enracinement latin mâtiné de gaulois et de francique de ces langues romanes qui eurent jadis leur heure de gloire – avant que la bourgeoisie des débuts du siècle dernier eût sottement signé leur arrêt de mort pour imposer le français –, mais aussi la qualité et l’ampleur de leur production littéraire, qui va de la Cantilène de Sainte-Eulalie (début du IXe siècle) aux textes de son collègue Willy Bal (né en 1916), lui aussi linguiste de l’UCL, en passant par ceux de Géo Libbrecht, d’Auguste Laloux ou de Gabrielle Bernard.
On sait, bien entendu, le poids du folklore dans la survivance actuelle de ces idiomes, à Mons, à Namur, à Liège, à Bastogne, à Malmedy ou à Arlon, à travers des associations culturelles qui se repassent joyeusement le flambeau pour susciter la liesse populaire.
Et ce, sans le moindre complexe, à l’inverse des Calimeros flamingants n’ayant de cesse d’enquiquiner la terre entière pour assurer la contre-publicité de leurs idiomes qui, par leur faute, ont d’ores et déjà acquis en Europe le peu enviable statut de baragouin d’emmerdeurs…
PÉTRONE
Les langues régionales de Wallonie par Michel Francard, Louvain-la-Neuve, Éditions De Boeck, septembre 2013, 215 pp. en quadrichromie au format 13 x 19 cm sous couverture brochée en couleurs, 19,50 €