Vingt-trois ans après le constat amer de Roland Soyeurt dans Le chagrin des profs, un pamphlet paru en 1990 en pleine grève des enseignants contre les inepties alors prônées par Yvan Ylieff, et dix-huit ans après la publication par le même auteur de Mes points dans la figure qui s’en prenait, au cours de nouvelles grèves enseignantes, aux âneries imposées par Laurette Onkelinx et son chef de cabinet, un autre prof de base, Frank Andriat, lui aussi vieux routier du métier et par ailleurs écrivain à succès, sonne le tocsin dans Les profs au feu et l’école au milieu, et démontre avec un humour tout aussi amer qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
Ou plutôt si : qu’en près d’un quart de siècle, notre système d’enseignement, par l’incurie des politiques, par la nullité des pédagogues en chambre et avec la complicité de leurs bras armés (la commission des programmes, le corps d’inspection, les associations de parents-électeurs, on en passe et des plus cuistres) a tourné en eau de boudin, à la plus grande insatisfaction des acteurs de terrain, dont beaucoup fuient désormais l’école comme la peste après avoir brûlé leurs ailes aux flammes d’un fonctionnement institutionnel délirant…
Car le constat de Frank Andriat est complet et sans appel. On va droit dans le mur.
Aussi la réaction de la ministre actuelle (qui s’appelle comment, déjà ?) ne s’est-elle pas fait attendre : « Comme c’est dommage d’écrire de telles choses, l’école vaut mieux qu’un pamphlet ! »
Certes, Madame Trucmuche…
Mais, comme le disait dans son langage pittoresque votre lointain prédécesseur Paul Vanden Boeynants, quand les dégoûtés seront tous partis, il ne restera plus que les dégoûtants…
PÉTRONE
Les profs au feu et l’école au milieu par Frank Andriat, Waterloo, Éditions de la Renaissance du Livre, août 2013, 144 pp. en noir et blanc au format 13 x 22 cm sous couverture brochée en couleurs, 9,90 €