Sous-titré Dictionnaire du jargon taulard & maton du bagne à nos jours, L’argot des prisons paru chez Horay à Paris sous la plume de Jean-Michel Armand devrait figurer dans toutes les bibliothèques privées, parce qu’on ne sait jamais, et en particulier dans celles du personnel politique de langue française qui, par les temps qui courent, constitue à l’évidence un public de choix pour cet ouvrage pittoresque et très documenté.
Avoir à déplier son accordéon (son casier judiciaire), subir une descente à la cave (synonyme : fouille à cul…), avoir la chiasse (des ennuis), partager sa cellule avec un capuccino (détenu noir, mais très clair de peau), un blanc (innocent), un blédard (fauché, sans ressources), une bite-de-riz (asiatique), un boucan (détenu agité) ou un fatigué (fou), rêver à du caviar (une prostituée particulièrement belle, à déguster lentement) plutôt que de se faire mêler (dérouiller par d’autres détenus) ou subir une hagra (injustice), éviter de se banner (fumer du haschich ou du crack), craindre la dasse (le sida) et user de la technique du yoyo pour communiquer par la fenêtre avec un fil entre les cellules…
Des éventualités auxquelles le lecteur concerné pourra se préparer linguistiquement en toute innocence !
PÉTRONE
L’argot des prisons par Jean-Michel Armand, Paris, Éditions Horay, novembre 2012, 238 pp. en noir et blanc au format 16 x 16 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 18 € (prix France)