Parfaitement conforme à l’ouvrage et remarquablement rédigé, le prière d’insérer de La ballerine et El Comandante paru chez François Bourin Éditeur à Paris met l’eau à la bouche :
« Alicia Alonso, danseuse et chorégraphe, est une des plus grandes figures de la danse du XXe siècle. Art classique et bourgeois par excellence, la danse n’avait en principe rien de commun avec la révolution. C’est le même appétit d’un pouvoir sans partage qui conduisit Fidel Castro et Alicia Alonso à faire alliance. Le Ballet de Cuba sur lequel, à plus de 90 ans, la chorégraphe règne toujours en maître deviendra l’un des vecteurs de la propagande cubaine à l’étranger.
De l’approbation des exécutions massives après la chute de Batista au castrisme finissant des débuts du XXIe siècle, Alicia Alonso et son Ballet auront été un véritable miroir du régime. Mais la danseuse aura aussi été la seule figure cubaine capable de dire non à Fidel, protégeant notamment ses danseurs de la répression qui s’abattait sur les homosexuels.
Après s’être exilée en 1994, l’écrivain et critique de danse Isis Wirth-Armenteros, née à Cuba en 1964 et qui a travaillé dix ans avec Alicia Alonso, raconte cette histoire secrète, tissée de jalousies et de rivalités où la danse devient un instrument machiavélique ».
Ce livre est en effet, comme l’écrit si bien l’auteure, « le récit d’un pacte faustien entre une artiste et un dictateur. Née en décembre 1920, Alicia Alonso a travaillé avec les meilleurs chorégraphes et créé ses propres versions des ballets classiques. De l’école cubaine, dont elle est la mère, sont sortis de fabuleux danseurs. Mais cette réussite, alors qu’elle était presque aveugle, est indissociable du régime totalitaire installé par Fidel Castro.
Ce dernier a vu dans le ballet un formidable outil de propagande interne et externe. Il a offert à Alicia Alonso, qui avait déjà commencé une très brillante carrière aux États-Unis, les moyens de poursuivre son rêve. En contrepartie, le « Cobra Noir » a accepté d’apporter, dans ses pires moments et jusqu’à aujourd’hui, un soutien sans faille au régime. Dans cette première biographie d’Alicia Alonso en français, Isis Wirth met en lumière cette complicité tragique.
Unis par une même passion pour le pouvoir, la ballerine et El Comandante ont écrit une histoire qui s’achève de façon pathétique dans le marasme, la gérontocratie et, pour le ballet, la fuite des danseurs ».
Mais pas celle des lecteurs de ce récit époustouflant !
PÉTRONE
La ballerine & el commandante. L’histoire secrète du ballet de Cuba par Isis Wirth, préface de Jean-François Bouthors, Paris, François Bourin Éditeur, collection « Les moutons noirs », avril 2013, 237 pp. en noir et blanc au format 14,7 x 21 cm sous couverture brochée en couleurs, 22 € (prix France)