Éditeur de grand talent et au nez creux, Jean-Claude Zylberstein (qui a fait aussi les grandes heures des Éditions 10-18) anime chez Tallandier à Paris la collection de poche « Texto » qui ambitionne de donner à ses lecteurs le goût de l’histoire et de la (re)découverte de textes d’un intérêt majeur.
C’est donc fort logiquement qu’il y a accueilli récemment le Charlemagne [1] de Jean Favier [2], une biographie monumentale du deuxième père de l’Europe médiévale (le premier étant, à nos yeux, Benoît de Nursie – ca 480-547– , fondateur de l’ordre bénédictin dont la Règle essaima dans tout le continent qu’elle marqua d’une empreinte indélébile).
Voici comment notre éminent confrère présente l’ouvrage :
« Successeur des Césars, Charlemagne (742-814) dont la personnalité fut multiple, aura influencé la politique de la France et de l’Europe bien au-delà de son règne. Jean Favier brosse ici le plus magistral des portraits de l’Empereur. De l’héritier de l’Empire romain à l’empereur à la barbe fleurie, de l’inventeur de la Couronne de France à celui de l’école, l’Histoire donne bien des visages à Charlemagne ; il est souvent difficile de distinguer la part du mythe et de la réalité.
Aussi Jean Favier a-t-il consacré une partie entière de son ouvrage au personnage construit par les siècles. Le grand médiéviste s’attache d’abord à replacer le personnage dans son contexte historique, analysant minutieusement la société dont il est issu. Il brosse également un portrait fouillé de ce souverain dont l’action était toute entière tournée vers un seul but : l’unité politique et religieuse de l’Occident chrétien.
Sous le mythe, on découvre un homme raffiné, épris de poésie latine, lisant le grec, artisan d’une renaissance intellectuelle qui n’aura pas d’équivalent avant longtemps. Du système monétaire à l’Église, pas un domaine n’a échappé à son ardeur réformatrice que ses conquêtes ont étendue à un énorme empire : tous les éléments d’une légende étaient réunis, le temps a fait le reste. »
Ajoutons que le livre est rédigé dans une langue superbe, ce qui ne gâte rien !
PÉTRONE
Charlemagne par Jean Favier, Paris, Éditions Tallandier, collection « Texto » dirigée par Jean-Claude Zylberstein, mars 2013, 769 pp. en noir et blanc au format 12 x 18 cm sous couverture brochée en couleurs, 12,90 € (prix France)
[2] Membre de l’Institut de France et président de la Commission d’histoire de Paris, ancien professeur aux universités de Rennes, de Rouen et de la Sorbonne, ancien directeur d’études à l’École pratique des hautes études à Paris, ex- président de la Bibliothèque nationale de France, le médiéviste Jean Favier (né en 1932) est un historien français parmi les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle et d’aujourd’hui.