Le texte ci-dessous a paru le 20 avril 2013 dans l’édition belge de l’hebdomadaire Marianne :
Ayant décidé non pas de poétiser plus haut que son luth, mais d’aller à la postérité (contrairement à Alphonse Allais qui préférait aller hériter à la poste), notre compatriote – par ailleurs ni con ni patriote – Jean-Pierre Verheggen s’est fendu, chez Gallimard à Paris, d’Un jour, je serai prix Nobelge, un texte par lequel il postule à la plus haute distinction honorifique de Ce (petit et plat) Pays qui donna à la francophonie ses lettres de noblesse par l’entremise des chansons du Grand Jojo, des cours de savoir-vivre de Jef Kazak et de la prose politique du maire de Champignac.
Si la concurrence est rude, notre homme ne manque pas d’arguments, excipant qu’il peut d’un ridiculum vitae à faire pâlir le Baudelaine de Coluche ou le Rimbot de Guy Bedos, qui ne sont pourtant pas de la petite bière !
Qu’on en juge :
Il croule sous les honneurs, comme le Prix « Marins d’eau douce » dans le cadre des « Voyageurs étonnés d’être à Saint-Malo » ou le Grand Prix Jean de La Fontaine décerné par l’Académie de Fontaine-l’Évêque pour « Le rat Deville et le rat Duchamp ».
Il fut conseiller conjugal pour familles de mots recomposées. Il s’est penché, pour le Journal international de l’Automobile Club, sur « Les problèmes de stationnement à Mégara ». Il a chanté les vertus et la suavité incomparables du pet de nonne, ce beignet soufflé en alizé de bure. Il est l’auteur du fameux Casse-toi, vieille Muse ! Il a narré les aventures méconnues de Popeye privé d’épinards et d’Icare dans son jus…
Exemples de quelques perles parmi ses hilarantes traductions gréco-latines : – Festina lente : Tina est un peu lente de la fesse. – Verba volant, scripta manent : quand Verba est au volant et Scripta aux manettes, c’est dans le fossé direct ! – Gnôthi seauton : à force de te goinfrer de gnocchi, tu vas bientôt peser cinq à six tonnes. – Carpe diem : Dieu a pêché gros ! – Castigat ridendo mores : même quand on le castra pour affaire de mœurs, il se bidonnait…
Pas de toute, à l’en croire, il finira dans les Emmanuelle scolaires !
PÉTRONE
Un jour, je serai prix Nobelge par Jean-Pierre Verheggen, Paris, Éditions Gallimard, avril 2013, 132 pp. en noir et blanc au format 14 x 20,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 15,90 € (prix France)