Monument historique sur un monument littéraire, le Chateaubriand de Jean-Claude Berchet paru chez Gallimard à Paris dans la collection « Biographies » fera date dans l’histoire des lettres romantiques en général, et du père d’Atala (1801), de René (1802) et des Mémoires d’outre-tombe (1849-50, posthume) en particulier.
C’est que l’ouvrage, véritablement magistral et remarquablement informé, mais aussi écrit d’une plume alerte qui n’est pas sans rappeler – sur un ton différent – celle de L’Homme des Mémoires d’outre-tombe du très contestataire et très enflammé Henri Guillemin, oscille sans cesse entre la production livresque foisonnante, la vie sentimentale à rebondissements et les engagements politiques tumultueux du grand écrivain légitimiste pour brosser un portrait moral contrasté : « le « bon garçon » de la famille et des intimes, ou le pair de France qui interpelle les rois ; le séducteur irrésistible et le fidèle adorateur de Juliette Récamier ; le poète de la mélancolie ou de la tendresse et le polémiste incisif de la Légitimité ».
Écoutons à nouveau ce que nous en dit l’auteur :
« François-René, vicomte de Chateaubriand, est né à Saint-Malo en 1768, sous Louis XV, dans une Bretagne encore féodale, et il est mort en pleine révolution de 1848. Au cours de cette longue existence ont passé les régimes et les constitutions. Il a beaucoup vécu et beaucoup vu depuis Combourg : le Paris révolutionnaire, les Indiens de Niagara, les taudis de Londres, Rome par deux fois, les corneilles de l’Acropole, les murs de Jérusalem. Et au milieu de ces tribulations, il a eu le temps de devenir le plus grand écrivain de sa génération.
C’est aussi le premier « enfant du siècle » à être entré en politique sous la Restauration pour ne plus en sortir. Il en a épousé les vicissitudes sans jamais renoncer à son idéal de liberté aristocratique, qui conjugue la tradition et le progrès, la légitimité royale et la citoyenneté, le double héritage de l’Ancien Régime et de la Révolution. C’est dire que pour ses contemporains, Chateaubriand fut souvent une énigme. »
Et pour les lecteurs d’aujourd’hui, l’ouvrage passionnant de Jean-Claude Berchet est incontestablement un « must » pour les amateurs de belle(s) et bonne(s) histoire(s) !
PÉTRONE
Chateaubriand par Jean-Claude Berchet, Paris, Éditions Gallimard, collection « Biographies », mars 2012, 1050 pp. en noir et blanc au format 15,5 x 22,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 29,50 € (prix France)