Et si les « tueurs du Brabant » (toujours en cavale, en dépit de presque trente ans d’enquête et d’impasses) avaient été un groupuscule d’extrême-droite, attaquant les supermarchés pour déclencher une panique qui aurait préludé à la mise en place d’un régime fasciste en Belgique ? C’est sur cette hypothèse (par ailleurs déjà énoncée par la presse ou par les enquêteurs voire par certains adversaires de feu Jean Gol) que Jean-Claude Marlair s’est appuyé dans son dernier ouvrage, un roman intitulé La Grande Peur des Belges, paru tout récemment aux éditions La Muette à Bruxelles.
À travers le regard et les aventures de Léopold –l’un de ces tueurs, membre du groupe Legio, une sombre officine–, l’auteur (qui était commandant à la base militaire de Vielsam lorsqu’elle fut attaquée par un commando) livre un thriller où se mêlent haine et amour, argent et pouvoir dans le décor glauque des bas-fonds de la Wallonie en général et du pays de Charleroi en particulier, durant les années 1980.
Léopold restera-t-il inflexible face à la barbarie de ces attaques, quand certains de son groupe semblent sur le point de craquer ? Son amour pour Tina, rencontrée dans un bistro pourri, lui permettra-t-il de sortir de cette impasse de violence dont il semble être prisonnier ?
Un roman noir belgo-belge plutôt agréable à lire pour la rentrée, qui donne une image saisissante de Ce Pays, ce qui devrait lui valoir un beau succès, mais qui risque néanmoins de décevoir un brin les aficionados du genre, en raison du côté parfois prévisible de l’un ou l’autre de ses rebondissements…
PATRICIUS
La Grande Peur des Belges par Jean-Claude Marlair, Bruxelles, Éditions La Muette, septembre 2010, 244 pp. en noir et blanc au format 13 x 20 cm sous couverture brochée en quadrichromie, 19,80 €