Le Bruxelles louche et borgne…

Le parcours de Giorgio della Rocca, le héros né en 1953 du Square des Milliardaires de Giuseppe Pignato paru chez Publi-press à Bruxelles, débute de façon on ne peut plus classique, s’agissant du fils d’un couple d’immigrés siciliens venus en Belgique durant les Golden Fifties pour échapper à la misère : un père ouvrier qui milite au syndicat socialiste, une mère très catholique, le Borinage puis Bruxelles…

Mais à la rue de Mérode, dans un quartier de petits bourgeois belgo-belges au sein desquels l’enfant, élève intelligent et modèle, sera scolarisé « par charité » avant de mener à bien de brillantes études d’ingénieur polytechnicien.

C’est le début d’une ascension sociale vertigineuse dans l’immobilier qui le mènera à côtoyer la faune snob et friquée qui vivait – et sévit encore… –aux abords de la place située au bout de l’avenue Louise et à l’entrée du Bois de la Cambre, le « square des milliardaires » comme on l’appelait alors…

Il y découvre les us et coutumes de l’establishment des beaux quartiers, épousera une actrice et s’intégrera au monde des « paumés du petit matin » que moquait Jacques Brel [1] : pognon, hâblerie, faux semblants, soirées pour célibataires, drague express, clubs de rencontre, on en passe et de plus sordides…

On s’en voudrait de déflorer la suite, un retour sur terre ou plutôt en enfer qui tient le lecteur en haleine – même si celle-ci s’avère parfois un peu fétide – avec une belle maestria.

Si l’on sait que l’auteur, Guiseppe Pignato, se présente comme « administrateur délégué de sociétés actives dans la publicité, la presse et l’édition et qu’il a été un personnage incontournable dans la faune un peu spéciale des soirées « célibataires », des agences matrimoniales, du speed-dating…, animateur dans certains clubs de rencontre », on comprendra que l’ouvrage, s’il se présente comme un roman, procède peu ou prou de l’autofiction…

PÉTRONE

Square des milliardaires par Giuseppe Pignato, Bruxelles, Éditions Publi-press, juin 2011, 203 pp. en noir et blanc au format 15 x 23 cm sous couverture brochée en quadrichromie, 14,90 €


[1] « Ils s’éveillent à l’heure du berger pour se lever à l’heure du thé et sortir à l’heure de plus rien… »

Date de publication
jeudi 2 février 2012
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