Best-seller paru en 1974, traduit dans de nombreuses langues et maintes fois réédité avant de devenir introuvable depuis 15 ans (le politiquement correct étant passé par là), le fameux compendium intitulé Soignez-vous par le vin du docteur E. A. Maury vient de reparaître chez NiL éditions à Paris, pour le plus grand plaisir des épicuriens et sous les grimaces des pisse-vinaigres et autres buveurs d’eau.
Toubib – comme Rabelais le fut, ne l’oublions pas –, le docteur Maury, était diplômé de la Faculté de Médecine de Paris et il fut médecin résident au Royal Homeopathic Hospital de Londres où, à partir de 1931, il s’est consacré à l’homéopathie et à l’acupuncture. Il prônait le vin au double titre d’aliment et surtout de médication « adjuvante » aux divers traitements médicamenteux. Selon lui, à chaque organe déficient convient un cru précis.
Bien entendu, ressortir cet ouvrage par les temps qui courent exposait l’éditeur à de belles volées de bois vert. Aussi, pour s’en prémunir, a-t-il adopté le ridicule mais efficace (auprès des bobos…) principe de précaution en le présentant à la manière de Tartuffe :
« Un sommet d’humour involontaire qui en dit long sur notre rapport au vin.
Vous avez du cholestérol ? Buvez des vins de Loire ou des Côtes de Provence. Vous êtes pris des bronches ? Descendez vite à la cave chercher une bouteille de bordeaux rouge ou de bourgogne titrant à 10°. Vous avez des calculs biliaires ? Privilégiez le sancerre ou le pouilly. Vous êtes enceinte ? N’oubliez pas vos deux verres de bordeaux rouge à chaque repas. Vous avez une angine ? Un peu de médoc ou de beaujolais et ça ira mieux. Vous présentez des risques d’infarctus ? Carburez au champagne sec. Vous avez des problèmes de vue ? Il vous faut un vin rouge léger de Bordeaux ou de Bourgogne. Vous êtes neurasthénique ? Mais qu’est-ce que vous attendez pour déboucher une blanquette de Limoux ?
Ce ne sont pas des blagues. Ce sont les très sérieuses recommandations de l’éminent docteur Maury qui ont fait le succès de Soignez-vous par le vin. (…) Pour ne pas réserver cette lecture désopilante aux quelques initiés qui le chinaient aux Puces ou chez les bouquinistes, les Éditions NiL ont décidé de le republier, dans sa version d’origine, et donc avec son lot de « perles ». Vous apprendrez ainsi que le vin n’est pas une « boisson alcoolique », que les discours anti-vin détournent l’attention des vrais dangers que sont la consommation excessive d’eau et de jus de fruits, et que si les Français buvaient plus de vin… l’alcoolisme… ne serait plus un problème !
Les best-sellers disent quelque chose de leur époque. Guide médical au moment de sa sortie, Soignez-vous par le vin est devenu un édifiant et stupéfiant témoignage sur les rapports passionnés que nous entretenons avec le « jus fermenté de la vigne » ».
Pourtant, l’essayer (avec modération tout de même), c’est l’adopter !
PÉTRONE
Soignez-vous par le vin par le docteur E. A. Maury, Paris, NiL éditions, novembre 2011, 156 pp. en noir et blanc au format 13,5 x 21 cm sous couverture brochée en quadrichromie, 15 € (prix France)
Pour vous, nous avons recopié dans ce petit ouvrage les précieux conseils suivants :
LES MALADIES
(lettre A)
AÉROPHAGIE
La déglutition exagérée d’air qui se traduit, dans une grande majorité de cas, par un gonflement pénible de l’estomac survenant au cours des repas ou peu après, se manifeste le plus souvent chez les sujets nerveux, inquiets, insatisfaits de leur vie et que tourmente un problème d’origine affective ou professionnelle.
Cru conseillé :
Champagne sec ou brut.
Pourquoi ?
Du fait, d’abord, de l’influence euphorisante de ce vin sur le tonus psychique, sans avoir les inconvénients des « tranquillisants » classiques. Du fait, également, sur le plan physique, de l’action mécanique produite par le gaz naturel sur la paroi gastrique, ce qui favorise la remise en route de la contraction physiologique de l’estomac ; ainsi, l’excès d’air avalé est évacué par la bouche.
Il convient de noter, à ce propos, que la gazéification du gaz carbonique contenu dans le champagne, au cours des trois ou quatre années de maturation dans les caves, diffère totalement de la gazéification artificiellement obtenue pour certain mousseux et certaines eaux minérales, et qui est trop brutale et trop rapide ; de toute façon, ce type de produit est toujours contre-indiqué chez les sujet souffrants d’aérophagie.
Doses :
Deux flûtes au cours des repas.
ALLERGIE (Tendance à l’)
Les réactions allergiques, si communes de nos jours et liées le plus souvent aux intoxications médicamenteuses qui « sensibilisent » le sujet non seulement aux médicaments, mais encore maintenant aux produits naturels jadis et naguère inoffensifs, représentent l’expression de médications apportées à l’économie sous l’influence de substances étrangères à cette dernière et dites « allergènes » ; elles se traduisent par une exsudation de la muqueuse ou par un œdème du tissu cellulaire sous-cutané, donc par un excès de production séreuse ; ces réactions désagréables n’interdisent toutefois pas au sujet qui en souffre l’usage raisonnable d’un vin approprié.
Cru conseillé :
Médoc.
Pourquoi ?
Parce que ce cru est riche en potassium naturel ; or, ce métal alcalin à doses faibles agit sur les troubles du métabolisme de l’eau, donc sur les phénomènes de rétention hydrique qui s’observent dans les phénomènes allergiques.
Doses :
Un demi-verre à bordeaux au cours des repas.
AMAIGRISSEMENT
Toute perte de poids corporel peut reconnaître une série de causes qui vont de la perte normale d’appétit jusqu’aux troubles métaboliques plus profonds et plus sérieux.
Indépendamment de la thérapeutique appropriée et naturellement prescrite par le médecin traitant après qu’il a établi son diagnostic causal, on ne peut que conseiller au sujet atteint d’amaigrissement un cru convenant à son cas particulier.
Crus conseillés :
Vins de la côte de Beaune.
Pourquoi ?
Parce que ces vins sont riches en fer ainsi qu’en extraits minéraux, dont le calcium, réparateur de la cellule osseuse.
Doses :
Deux verres à Bourgogne de ce vin au cours des repas.
AMAIGRISSANT (Régime)
Tout excès de poids demande la prescription d’un régime alimentaire correctement dosé et pauvre en glucides et en corps gras.
Le vin qui est susceptible d’accompagner ce type de diète répondra donc aux mêmes impératifs ; d’autre part, son absorption, au cours des repas souvent ascétiques, permettra de pallier la sévérité du régime imposé pour combattre cet excès pondéral.
Crus conseillés :
Vins de la Côte-d’Or.
Pourquoi ?
Parce que ces vins, peu colorés, favorisent, de par leur composition même, le métabolisme des graisses, tout en gardant leurs qualités nutritives.
Doses :
Deux verres à Bourgogne au cours des repas.
ANÉMIE
La diminution pathologique du nombre des globules rouges dans le sang se manifeste par toute une série de troubles, dont, entre autres, une fatigue constante, des vertiges, un manque de tonus général, parfois même des hémorragies.
Il convient donc, indépendamment toujours d’un traitement approprié à ce type de maladies, de donner au sujet un apport supplémentaire de fer dans son alimentation.
Crus conseillés :
Vins de Graves
Pourquoi ?
Du fait de leur teneur en fer, car la vigne productrice de ce type de vin est cultivée sur du sable pur contenant des particules de fer sous forme soluble dont le taux peut parfois atteindre 10 mg par litre.
Doses :
Deux verres à Bordeaux au cours des repas.
ANGOISSE (Névrose d’)
Certaines manifestations psychiques, telles que l’angoisse à base de peurs irraisonnées, peuvent être, dans bien des cas, en carence de sels organiques normalement présents dans l’économie ; dans la majorité des cas, ces carences portent surtout sur le phosphore, aliment de base du système nerveux.
Un vin bien choisi sera donc d’un réel secours pour le sujet victime de ce type d’affection.
Cru conseillé :
Médoc
Pourquoi ?
Du fait de sa richesse en phosphore dont les concentrations peuvent atteindre 0,03 à 0,05 g dont le quart se trouve sous forme organique ; cet élément représente un médicament de choix pour la cellule nerveuse.
Doses :
Deux verres à Bordeaux au cours des repas.
ANGINES
Les affections inflammatoires du pharynx et des amygdales s’accompagnent habituellement d’une certaine gêne à la déglutition ainsi que de température qui peut être plus ou moins élevée ; ces malades peuvent facilement bénéficier de l’adjonction de vins au traitement médicamenteux, d’autant que le jus de la treille apporte au malade ses propriétés bactéricides.
Crus conseillés :
Vins rouge de Bordeaux de la région du Médoc.
Vins rouges de la région du Beaujolais.
Pourquoi ?
Parce que le contenu de ces vins en tanin leur confère des propriétés décongestionnantes et également parce que, comme tous les jus de vigne fermentés, ils sont bactéricides, antiseptiques, toniques et diaphorétiques.
Doses :
Faire chauffer 500 g du vin choisi, selon le goût personnel du malade et titrant 10° ; Y ajouter 10 g de cannelle, du sucre et de l’écorce de citron ; en boire deux demi-bols, trois fois par jour.