Mesdames et Messieurs, préparez-vous à être éblouis par un tour de passe-passe qui s’est déroulé sous vos yeux !
Le monde de la finance, ce monde si éloigné qu’il semblait n’avoir aucune emprise sur l’économie réelle (il existerait donc une économie irréelle…), ce monde composé de banquiers philanthropes, mais aussi de pères fouettards prompts à vous rappeler que, vous aussi, vous avez emprunté pour cette voiture qui, avouez le, ne vous sert quand même pas plus de deux fois par jour et que donc, la crise, c’est donc aussi un peu de votre faute. Ces gens merveilleux, avec l’appui de nos amis les représentants du peuple, de la nation et même de l’Europe, qui se gavaient encore il y a peu de subprimes (ces hypothèques dangereuses mises aux enchères sur les marchés et garanties AAA par les agences de notation) ont réussi un coup de maître dans l’art de l’illusion.
Avec Bernard Madoff, vous aviez cru que l’argent était là, et en fait, il s’était déjà volatilisé, entraînant l’éclatement de la bulle boursière qui se voulait plus grosse que le bœuf. Après cette bulle, il a donc fallu, pour le bien de la ménagère (pas celui des membres du conseil d’administration, bien entendu…), que l’État belge prête une vingtaine de milliards d’euros aux banques.
On vous avait dit que c’était la crise ? Qu’il n’y avait plus un fifrelin dans les caisses de l’État ? Et vous l’aviez cru ? Magie du portefeuille, l’argent était caché dans un coin sombre, on ne l’avait pas vu et on l’a ressorti juste au bon moment.
Mais toutes ces dépenses pour sauver les économies du petit et du (très) gros épargnant, ont fait « peur aux marchés ». Ces mêmes personnes qui venaient d’emprunter à l’État belge ne lui accordaient en fait aucun confiance, aucun crédit. Il faut dire qu’elles avaient raison : vous prêteriez de l’argent, vous, à quelqu’un habitué à distribuer son pécule à des sociétés en situation de banqueroute, sans même demander une remise en question ? Vous voyez bien qu’il y avait de quoi se tâter !
Donc, après avoir renfloué les banques, l’État belge s’est vu obligé d’emprunter beaucoup d’argent sur les marchés à un taux exorbitant, un taux usuraire de plus de 5%.
Et c’est là que l’illusion est parfaite : vous aviez cru que nous, les citoyens, avions sauvé les banques au travers des décisions de nos ministres ? Que nenni ! En fait, les banques, après avoir fait monter le taux d’emprunt de l’État belge, lui ont accordé une grande partie de l’argent nécessaire. De l’argent qu’elles-mêmes avaient reçu de l’État. Elles se renflouent donc sans bourse délier et vous n’y avez vu que du feu…
Et pendant ce temps, un enfant belge sur cinq vit dans la précarité. Mais rassurez-vous, ils seront, eux aussi, bercés d’illusions.
ÉLIOGABALE