La fin du XIXe siècle vit d’insolents jeunes Français (les « Vilains Bonshommes », les « Zutistes », les « Hydropathes », les « Fumistes », les « Hirsutes » ou encore les « Incohérents »…) secouer l’ordre établi à la façon d’un cocotier et faire crouler sous les rires les institutions politiques, la morale publique, l’Église, la famille, la patrie, les colonies, l’honorabilité, la science moderne, l’argent, les poètes et les peintres officiels ainsi que le langage lui-même.
Ils fréquentaient les alentours du Quartier latin et du Chat Noir montmartrois, et pour eux tout était prétexte à fantaisie, parodie, non-sens et sarcasme.
Ils avaient pour nom Alphonse Allais, Guillaume Apollinaire, Jules Barbey d’Aurevilly, Tristan Bernard, Léon Bloy, Georges Courteline, Tristan Corbière, Charles Cros, Georges Darien, Alphonse Daudet, James Ensor, Georges Feydeau, Gustave Flaubert, Xavier Forneret, Georges Fourest, Anatole France, Joris-Karl Huysmans, Alfred Jarry, Lautréamont, Jules Laforgue, Stéphane Mallarmé, Octave Mirbeau, Germain Nouveau, Charles Péguy, Jules Renard, Jean Richepin, Arthur Rimbaud, Henri Rochefort, Edmond Rostand, Erik Satie, Paul Verlaine ou Auguste Villiers de l’Isle-Adam et ils ont inventé l’humour moderne dans tout ce qu’il a de plus subversif, d’inventif, de corrosif et d’irrespectueux.
La preuve en est largement administrée dans une monumentale anthologie composée par Daniel Grojnowski & Bernard Sarrazin, qui vient d’être publiée Paris aux Éditions Omnibus. Elle s’intitule Fumisteries, naissance de l’humour moderne 1870-1914 et rassemble 300 textes (récits, contes, poèmes, parodies, aphorismes ou saynètes) souvent grinçants, parfois ébouriffants, souvent dérangeants… mais toujours hilarants !
PÉTRONE
Fumisteries, naissance de l’humour moderne 1870-1914, anthologie composée par Daniel Grojnowski & Bernard Sarrazin, Paris, Éditions Omnibus, juin 2011, 1056 pp. en noir et blanc au format 13 x 19,5 cm sous couverture brochée en quadrichromie et à rabats, 29 € (prix France)