Le comte Bertrand Russell (1872-1870) est le plus éminent philosophe britannique du XXe siècle, doublé d’un mathématicien et d’un moraliste, qui apporta des contributions décisives dans les domaines de la logique et de l’épistémologie. Son ouvrage majeur, écrit avec Alfred North Whitehead, a pour titre Principia Mathematica. Par ailleurs, ses principes éthiques, qu’il incarna à travers ses engagements politiques et ses prises de position tranchées, lui valurent deux fois la prison.
On peut se forger une opinion claire de la morale russellienne dans ses Essais sceptiques que Jean-Claude Zylberstein a eu l’heur d’intégrer à la collection « Le goût des idées » qu’il dirige aux Éditions Les Belles Lettres à Paris.
Écoutons-le :
« “Ces propositions pourront paraître légères, mais, si elles étaient suivies, elles révolutionneraient totalement l’existence humaine.” C’est avec ces mots que Bertrand Russell ouvre ce qui est en effet un livre révolutionnaire. Prenant pour point de départ l’irrationalité du monde, il offre par contraste un point de vue “violemment paradoxal et subversif” : la croyance en la capacité de la raison à déterminer les actions humaines. Parce qu’ils pressentirent les horreurs qui résultèrent, dans les années suivant leur première publication en 1928, des passions irrationnelles issues des convictions religieuses et politiques, ces Essais sceptiques furent constamment réimprimés. Aujourd’hui, harcelés que nous sommes par les assauts violents du capitalisme, la défense russellienne du scepticisme et de l’indépendance d’esprit est plus que jamais d’actualité. Par sa prose engagée, Russel nous guide à travers les problèmes philosophiques fondamentaux qui concernent notre vie quotidienne – la liberté, le bonheur, les émotions, l’éthique et les croyances – et nous offre des conseils avisés. “Quels pourraient être les effets, demande-t-il ironiquement à ses lecteurs, d’une extension du rationalisme sceptique ?” »
On n’ose l’imaginer, en ces temps de « politiquement correct » !
PÉTRONE
Essais sceptiques par Bertrand Russel, Paris, Éditions Les Belles Lettres, collection « Le goût des idées » dirigée par Jean-Claude Zylberstein, 2011, 280 pp. en noir et blanc au format 12,5 x 19 cm sous couverture brochée en couleurs, 13 € (prix France)