Rassemblant, sous le titre Romans des femmes, dix textes écrits par Georges Simenon entre 1931 et 1967, les Éditions Omnibus à Paris ont, une fois de plus, fait œuvre utile pour la diffusion et la connaissance d’une production littéraire majeure, ici celle du plus grand des écrivains liégeois, présentée au travers de quelques portraits de femmes.
Dans La Nuit du carrefour (1931), l’auteur met en scène une femme sulfureuse, mystérieuse et venue des bas-fonds de la prostitution, tandis que La Veuve Couderc (1940) raconte une l’histoire d’une jalousie et d’un désir de femme mûre. La Fenêtre des Rouet (1942) oppose deux femmes dans un rapport de voyeurisme, l’une révélant à l’autre sa féminité étouffée et éteinte. Le Temps d’Anaïs (1950) présente un homme déchiré entre son épouse obsédée par les hommes et le souvenir d’une très jeune garce. Marie qui louche (1951) décrit la vie de deux filles inséparables que tout sépare, l’une disgracieuse, l’autre destructrice, intrigante et consciente de sa beauté. En Cas de malheur (1955) brosse le portrait d’une femme jeune, libérée, décidée à réussir par tous les moyens, à prendre le pas sur l’homme. Strip-tease (1957) est centré sur les filles de la nuit, tandis que La Vieille (1959) est centré sur des conflits entre trois femmes, la grand-mère, la petite-fille, parachutiste et pilote de rallye, et son amie. Betty (1960) traite de la femme et l’alcool. Dans La Prison (1967), enfin, l’héroïne est une femme moderne des années, libre dans ses choix professionnels et amoureux, emblématique de la génération à la veille de Mai 68.
Dix romans qui prouvent incontestablement que si Georges Simenon était un « homme à femmes » d’une certaine bassesse, c’était aussi un grand écrivain des femmes…
PÉTRONE
Romans des femmes par Georges Simenon, Paris, Éditions Omnibus, janvier 2011, 1083 pp. en noir et blanc au format 13 x 19,7 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 22 € (prix France)