Dans un pays où il est de bon ton d’affirmer qu’on est de quelque part, il n’est pas étonnant que de nouvelles histoires de Belgique, de Flandre, de Wallonie et même des cantons germanophones paraissent chaque année. Travaux d’historiens parfois, de propagande quelquefois, on y recherche bien souvent la Belgique comme autrefois Proust le temps perdu.

Afin d’éviter à certains imbéciles tout heureux d’être nés finalement nulle part de se gonfler d’orgueil à la simple évocation du Vlaamse Leeuw ou de la qualité des armes de la Fabrique Nationale de Herstal, Les Éditions Modulaires Européennes à Fernelmont ont fait paraître avec un bel à-propos un OVNI historique intitulé La Belgique n’existe pas, je le sais, j’y habite.

Écrit par Michel Noirret, un Français à l’esprit bien belge, ce livre revisite les grands piliers de Ce Pays (question linguistique, religion, RTBF…) avec beaucoup d’humour et de drôlerie.

Il révèle par exemple que si Christophe Colomb a découvert l’Amérique, c’est Denis Papin qui a découvert la Belgique dont il eut la révélation après boire en observant une marmite qui contenait des ingrédients hétéroclites et laissait échapper son trop-plein de vapeur par le couvercle pour ne pas exploser.

Abondamment illustré, ce texte joyeusement singulier (et dont la force principale réside paradoxalement dans l’imagination débridée qui a présidé à la rédaction des légendes iconographiques) développe une critique caustique, comique et iconoclaste du meilleur aloi.

Si la sinistrose vous guette, n’hésitez pas à vous ruer sur ce curieux bouquin, à le lire, à l’offrir et à le racheter pour le lire à nouveau ! Car on y retrouve à chaque page ce sens de la dérision, de l’improbable et du second degré qui caractérisent si bien notre petite patrie du surréalisme.

Je le sais, j’y habite…

ELIOGABALE