En faisant paraître l’essai de l’économiste wallon Michel Quévit intitulé Flandre-Wallonie quelle solidarité ?, les Éditions Couleur livres à Charleroi ont jeté naguère un joyeux pavé dans la mare –et sur la tronche des flamingants. C’est que l’auteur, professeur émérite à l’UCL autant qu’expert auprès de l’OCDE et de la Commission européenne, s’est penché de près sur l’histoire économique de Ce Pays, question de voir si les éructations de Jean-Marie Dedecker au magazine parisien Le Point en août 2009 (« Cela fait 175 ans que nous payons pour la Wallonie, ça ne peut plus durer ! ») tenaient, ne fût-ce qu’un tout petit peu, la route. Et il n’en est rien, bien entendu. Que du contraire, même !
Après avoir battu en brèche les inepties du professeur gantois Hannes (qui, par exemple, pour montrer que la Flandre contribua plus que la Wallonie en termes de douanes et accises entre 1832 et 1912, omet d’indiquer que la plus grande partie de celles-ci concerne le port d’Anvers où transitaient les exportations de charbon et de produits sidérurgiques wallons qui le faisaient vivre… une erreur de débutant !) ou rappelé que la construction du port de Zeebrugge a coûté la bagatelle de 50 milliards de BEF aux Francophones, l’auteur montre que nous avons douillé pour tout : l’affranchissement de l’Escaut en 1863, le développement du port d’Anvers, la création des mines du Limbourg, du port de Gand et des chemins de fer en Flandre, le soutien du textile et de l’agriculture flamands, le secours apporté en 1934 au Boerenbond au bord de la banqueroute (un comble !), la construction de l’autoroute du littoral dès 1936 et même le sauvetage du peuple flamand de la famine à partir de 1845 (« Faites du bien à des vilains, ils vous crachent dans la main », disait ma grand-mère…).
Plus fort encore, la Flandre s’est octroyé depuis 1989, via le gouvernement belge qu’elle phagocyte, une part énorme des fonds structurels européens destinés à la Wallonie ! En bon chrétien, Michel Quévit conclut néanmoins sa démonstration par un appel à la solidarité entre le nord et le sud de la Belgique.
Nous, on préférerait que les Flamands nous rendent d’abord les camions d’argent qu’ils nous doivent… Quitte à faire siéger à nouveau, pour régler la question une bonne fois pour toutes, le tribunal de Nuremberg qui eut déjà à s’exprimer sur les biens spoliés par les nazis et leurs affidés. Verstanden, Herr Bart De Wever ?
PÉTRONE
Flandre-Wallonie quelle solidarité ? par Michel Quévit, Charleroi, Éditions Couleur livres, avril 2010, 182 pp. en noir et blanc au format 13,5 x 20,5 cm sous couverture brochée en quadrichromie, 19 €