« Une femme reflète plus entièrement son époque qu’un homme. » (Jacques Laurent)
Ancienne élève du Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse, docteure en musicologie (en 2000), agrégée de musique, chercheuse associée à l’IReMus (Sorbonne Université) et conférencière, Anne Ibos-Augé (°1966) enseigne l’histoire de la musique et l’analyse musicale. Elle a aussi dirigé le département de Musicologie du Conservatoire de Perpignan. Collaborant régulièrement au magazine Diapason, elle intervient également dans la « Tribune des Critiques » sur France Musique. Elle est par ailleurs l’autrice de nombreux articles et d’ouvrages[1] sur la musique médiévale, comme Les femmes et la musique au Moyen Âge, un ouvrage passionnant paru récemment à Paris aux Éditions du Cerf.
Elle y décrit avec force détails le quotidien des musiciennes (chanteuses, compositrices, instrumentistes, ménestrelles, jongleresses, trobairitz et trouveresses) et de leurs consœurs en appui (copistes, mécènes), tant religieuses que profanes, qui du XIIe siècle jusqu’au début du XVe ont enrichi le quatrième art en Occident par leurs créations et leurs interprétations aussi diverses qu’élégantes et subtiles, sans omettre pour autant les représentations variées de la femme en tant que sujet vu par les hommes, qu’objet de fictions littéraires, héroïnes de poèmes et de chansons, ou allégories artistiques.
On croise dans ce brillant essai la moniale Herrade de Hohenburg, les béguines Hadewijch d’Anvers et Christine de Saint-Trond, la mystique Hildegarde de Bingen, la religieuse Ida de Louvain, la moniale Ida de Nivelles, la cantrix Mechtilde de Hackeborn, l’enlumineuse Élisabeth de Lünen, les Occitanes Castelloza, Gauderenca, Marie de Ventadour et Azalaïs de Porcairagues, la « ménestrière de bouche » Parisa, la protectrice des trouvères Marie de Champagne, les reines Aliénor d’Aquitaine, Isabeau de Bavière, Yolande d’Aragon et Brigitte de Suède, la princesse Yseut, les comtesses Gersende de Forcalquier et Mahaut d’Artois, et bien d’autres encore.
Un ouvrage qui adoucit les mœurs d’une époque par trop décriée pour sa violence…
PÉTRONE
Les femmes et la musique au Moyen Âge par Anne Ibos-Augé, Paris, Éditions du Cerf, janvier 2025, 285 pp. en noir et blanc au format 14 x 21,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 22 € (prix France)
[1] Chanter et lire dans le récit médiéval – La fonction des insertions lyriques dans les œuvres narratives et didactiques d’oïl aux XIIIe et XIVe siècles (2010), Le Livre d’Amoretes – Écrit spirituel à insertions lyriques du XIIIe siècle (dir., 2022) ;
