Albert Kesselring (30 novembre 1885-1960) était un Generalfeldmarschall allemand de la Luftwaffe pendant la Seconde Guerre mondiale. Durant sa carrière militaire qui s’étendit sur les deux guerres mondiales, Kesselring devint l’un des commandants les plus décorés du Troisième Reich, car il fut l’un des 27 récipiendaires de la croix de chevalier de la croix de fer avec feuilles de chêne, glaives et brillants. Surnommé « Albert le souriant » par les Alliés et « oncle Albert » par ses hommes, il fut l’un des généraux allemands les plus populaires de la Seconde Guerre mondiale.
Kesselring rejoignit l’armée bavaroise en tant qu’aspirant en 1904 et il servit dans l’artillerie. Il termina son apprentissage comme observateur embarqué en ballon en 1912. Durant la Première Guerre mondiale, il combattit sur les fronts de l’Ouest et de l’Est et entra à l’état-major.
Kesselring resta dans l’armée après la guerre, mais il fut libéré en 1933 pour devenir directeur du département administratif du ministère de l’Aviation du Reich où il participa à la reconstruction de l’industrie aéronautique et à la recréation de la Luftwaffe dont il fut le chef d’état-major entre 1936 et 1938.
Au début la Seconde Guerre mondiale, il commanda les forces aériennes allemandes lors de l’invasion de la Pologne et de la France, durant la bataille d’Angleterre et dans l’opération Barbarossa contre l’URSS. En décembre 1941, il prit le commandement de toutes les armées allemandes pour l’Europe du Sud et il participa aux combats du théâtre méditerranéen, où il opposa une résistance tenace aux Alliés, lors de la campagne d’Italie après avoir présidé au repli en Afrique du Nord, jusqu’à ce qu’il soit blessé dans un accident de voiture en octobre 1944. À la fin de la guerre, il commanda les forces allemandes sur le front de l’Ouest. Il gagna le respect de ses adversaires pour ses actions militaires, mais sa carrière fut entachée par les massacres commis par les troupes sous son commandement en Italie.
Albert Kesselring en 1940[1].
Après la guerre, malgré qu’il eût grandement œuvré pour éviter la destruction du patrimoine culturel de nombreuses villes italiennes comme Rome, Florence, Sienne et Orvieto, Kesselring fut jugé pour crimes de guerre[2] et condamné à mort le 6 mai 1947 par un tribunal militaire britannique avant que sa peine fût commuée le 4 juillet suivant en emprisonnement à perpétuité.
La condamnation à mort d’Albert Kesselring avait en effet provoqué de nombreuses protestations au Royaume-Uni. Ainsi, l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill (1874-1965) la trouva immédiatement trop dure et il intervint en faveur de Kesselring, tandis que l’adversaire de ce dernier en Tunisie et en Italie, le maréchal Harold Alexander (1891-1969), devenu gouverneur général du Canada, envoya un télégramme au premier ministre Clement Attlee (1883-1967) exprimant son espoir que la condamnation de Kesselring serait commuée.
Une campagne médiatique en Allemagne entraîna sa libération en octobre 1952 pour raisons de santé (en juillet, on lui avait diagnostiqué une tumeur cancéreuse dans la gorge).
En 1952, alors qu’il se trouvait toujours à l’hôpital, Kesselring accepta la présidence honoraire de trois organisations de vétérans : la Luftwaffenring, composée de vétérans de la Luftwaffe, la Verband deutsches Afrikakorps rassemblant les anciens soldats de l’Afrika Korps et la controversée association des vétérans d’extrême-droite, le Stahlhelm, Bund der Frontsoldaten.
La présidence de cette organisation ternit sa réputation[3].
Albert Kesselring fut l’un des trois Generalfeldmarschalls à avoir publié ses mémoires[4], intitulées Soldat bis zum letzten Tag (rédigées en prison et parues en 1953), sorties en français aux Éditions Perrin en 2021 puis en 2025 dans leur collection de poche « Tempus » sous le titre Mémoires – Soldat jusqu’au dernier jour.
« Ce témoignage, écrit en captivité, est capital pour comprendre et connaître l’histoire de la Wehrmacht, de ses triomphes initiaux à sa chute inéluctable. Le récit, écrit d’une plume agréable, est enrichi de nombreuses notes par Benoît Rondeau ainsi que d’une préface dans laquelle l’historien critique la vulgate héroïque, martelée par le mémorialiste, d’une armée allemande étrangère aux crimes du IIIe Reich. Que ce soit en Russie et même en Italie (massacre des Fosses ardéatines), Kesselring fut aux premières loges et porte une part de responsabilité écrasante qu’il fit tout pour faire oublier. »[5]
PÉTRONE
Mémoires – Soldat jusqu’au dernier jour par Albert Kesselring, ouvrage traduit de l’allemand par le colonel Jean-François-Adolphe Goutard, présentation et notes de Benoît Rondeau, Paris, Éditions Perrin, collection « Tempus », février 2025 [juin 2021], 758 pp. en noir et blanc au format 10,8 x 17,7 cm sous couverture brochée en couleurs, 12 € (prix France)
[1] Photo : Bundesarchiv Bild 183-R93434.
[2] Il fut accusé d’être responsable du massacre de 335 Italiens aux Fosses ardéatines à Rome le 24 mars 1944 et d’avoir incité au meurtre de civils italiens.
[3] Source : Wikipédia.
[4] Les deux autres étant Erich von Manstein (1887-1973) et Ferdinand Schörner (1892-1973).
[5] Quatrième de couverture.