À propos d’un crime judiciaire…

Rédigé par une vingtaine de contributeurs et coédité par les Éditions Gallimard et le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris, le catalogue de l’exposition Alfred Dreyfus – Vérité et justice présentée dans les murs dudit musée du 13 mars au 31 août 2025 est riche de 250 reproductions d’œuvres d’artistes fameux comme Gustave Caillebotte, Camille Pissarro, Théo Van Rysselberghe, Edgar Degas, Félix Vallotton, Édouard Vuillard, Antoine Bourdelle, Caran d’Ache, Nadar, Tim…, mais aussi de témoignages, de dessins d’audience et de presse, de caricatures, d’affiches, de photographies ainsi que d’objets divers et il constitue un rappel nécessaire en nos temps de remontée de l’hydre antisémite nourrie de fantasmes, de mensonges et d’amalgames en tout genre.

L’Affaire Dreyfus est une affaire d’État devenue un conflit social et politique majeur de la Troisième République (septembre 1870 – juillet 1940), survenu en France à la fin du XIXsiècle autour de l’accusation de trahison faite au capitaine polytechnicien Alfred Dreyfus (1859-1935), un Juif d’origine alsacienne, qui fut finalement innocenté après sa déportation de 1895 à 1899 à l’île du Diable, au large de la Guyane, exercée dans de féroces conditions de détention qui visaient à le briser.

L’Affaire bouleversa la société française pendant douze ans, de 1894 à 1906, la divisant profondément et durablement en deux camps opposés : les « dreyfusards », partisans de l’innocence de Dreyfus, et les « antidreyfusards », partisans de sa culpabilité.

La condamnation fin 1894 du capitaine Dreyfus – pour avoir prétendument livré des documents secrets français à l’Empire allemand – constitue un véritable crime judiciaire commis par l’état-major et le ministre de la Guerre résultant d’un complot fondé sur des faux fabriqués et utilisés par des officiers supérieurs sur fond d’espionnage, dans un contexte social particulièrement propice à l’antisémitisme et à la haine de l’Allemagne après son annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871.

L’Affaire n’a rencontré au départ qu’un écho limité, avant qu’en 1898 l’acquittement du véritable coupable, un officier catholique, Ferdinand Walsin Esterhazy (1847-1923), et la publication d’un pamphlet dreyfusard par l’écrivain Émile Zola, « J’accuse… ! », ne provoquent une succession de crises politiques et sociales.

La une du journal L’Aurore du 13 janvier 1898 avec J’accuse, la lettre ouverte d’Émile Zola au président de la République.

À son paroxysme en 1899, l’Affaire révéla les clivages de la France de la Troisième République, où l’opposition entre les camps dreyfusard et antidreyfusard suscita de très violentes polémiques nationalistes et antisémites, diffusées par une presse influente. Elle s’acheva en 1906 par un arrêt de la Cour de cassation qui innocenta et réhabilita définitivement Alfred Dreyfus[1].

Le catalogue de l’exposition Alfred Dreyfus – Vérité et justice, en soulignant, contrairement aux idées reçues, la force d’âme et le courage de l’homme face à la raison d’État, montre le rôle décisif que joua le capitaine pour faire triompher la justice.

Explorant les multiples facettes de l’Affaire, l’ouvrage restitue le contexte de la « Belle Époque » – notamment dans ses rapports avec les Juifs d’Alsace et de France, à l’école polytechnique et dans l’armée –, marqué par l’émergence de l’antisémitisme moderne, et révèle ses conséquences durables, débouchant sur la consolidation de la République et la séparation des Églises et de l’État en 1905.

Il met en lumière l’engagement des proches et des intellectuels (catholiques, protestants, juifs, laïcs…) dans la lutte pour la vérité au sein d’une France profondément divisée, et les répercussions de ce scandale, entre bouleversements politiques, débats sur la justice et éveil d’une conscience nouvelle des droits de l’homme[2].

PÉTRONE

Alfred Dreyfus – Vérité et justice, ouvrage collectif sous la direction d’Isabelle Cahn et de Philippe Oriol, Paris, Éditions Gallimard & Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, mars 2025, 288 pp. en quadrichromie au format 20,2 x 26,3 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 39 € (prix France)

INFORMATIONS PRATIQUES

Exposition Alfred Dreyfus – Vérité et justice

L’exposition raconte l’Affaire « avec » Alfred Dreyfus, en le replaçant au centre du propos. Cette approche nouvelle corrige l’image d’un Dreyfus effacé. Elle révèle un inlassable combattant de la vérité, auteur de multiples écrits, dont de nombreux inédits récemment sortis de l’oubli.

Dates : du 13 mars au 31 août 2025

Adresse :

Musée d’art et d’histoire du Judaïsme

Hôtel de Saint-Aignan

71, rue du Temple

75003 Paris

Horaires :

Mardi, mercredi, jeudi, vendredi : 11 heures -18 heures

Samedi et dimanche : 10 heures -18 heures

Clôture des caisses 45 minutes avant la fermeture du musée.

Le musée est fermé le lundi sauf pour les groupes scolaires

Tarifs :

▷ Tarif plein : 13 €

▷ Tarifs réduits : 9 € (18-25 ans non résidents européens, familles nombreuses) ; 5 € (18-25 ans résidents UE)

▷ Gratuit pour les moins 18 ans.

Réservation à l’avance fortement conseillée, y compris pour les gratuités.

Achat des billets :

Billetterie en ligne : httpps://mahj.tickeasy.com/fr-FR/produits?famille=2435437179740400060

Sur place aux horaires d’ouverture du musée

Par téléphone au 00 33 1 53 01 86 57 (lundi et mercredi de 10h30 à 13h)


[1] Source : Wikipédia.

[2] Source : quatrième de couverture.

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Date de publication
dimanche 9 mars 2025
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