Le Kamasutra du XIXe siècle…

Étienne Famerie est professeur émérite de philologie classique au Département des sciences de l’Antiquité de l’Université de Liège.

Ce 14 février – pour la Saint-Valentin, donc –, il fait paraître aux Belles Lettres à Paris l’édition critique bilingue du De Figuris Veneris, lui-même publié il y a deux siècles par le philosophe et philologue allemand Friedrich Karl Forberg (1770-1848).

Explication :

L’édition en 1824 par Friedrich Karl Forberg de l’Hermaphroditus – un recueil de poèmes érotiques latins de la Renaissance du poète, écrivain, historien et diplomate palermitain Antonio Beccadelli (1394-1471)– se présente comme un festin.

Le « premier service » propose au lecteur 81 épigrammes érotiques, pastiche savant des pages les plus crues de la littérature latine, inspirées du recueil antique des Priapeia[1] et de celui de Martial[2], mais reflétant aussi, à la manière de l’écrivain florentin Boccace (1313-1375), des expériences dans les villes italiennes de l’époque.

Le « deuxième service » offre un exposé farci d’érudition : c’est le De figuris Veneris, un traité raisonné des postures amoureuses, dont on trouve ici la première édition critique, accompagnée de la traduction érudite d’Alcide Bonneau (1836-1904), publiée sous le titre fameux de Manuel d’érotologie classique (en 1882).

Y est joint le « troisième service » mitonné par Forberg, une suite de planches destinée à assouvir l’appétit du lecteur.

L’originalité de l’ouvrage voué à l’enfer des bibliothèques tient au contraste saisissant entre le sujet abordé – la grande variété des pratiques sexuelles à la manière des Romain(e)s, y compris les plus inavouables, exposées crûment et sans détour –, et la façon dont il est traité par Forberg (mais aussi par Étienne Famerie, éditeur scientifique attentif et méticuleux), dans des commentaires d’une gigantesque érudition historique, linguistique, littéraire, culturelle et érotique, qui, comme l’écrit Alcide Bonneau, « démontre que la philologie classique la plus austère peut exhaler parfois un parfum aphrodisiaque ».

PÉTRONE

De figuris Veneris – Manuel d’érotologie classique, texte en latin par Friedrich Karl Forberg, édition critique inédite d’Étienne Famerie, traduction française revue d’Alcide Bonneau, Paris, Éditions Les Belles Lettres, février 2025, 360 pp. en noir et blanc au format 12 x 19 cm sous couverture brochée monochrome, 43 € (prix France)

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION

1. Forberg, le De figuris Veneris et l’Εἰκοσιμήχανον

2. Bonneau et le Manuel d’érotologie classique

3. L’Essai sur la langue érotique

4. Principes d’édition

5. Notes critiques et annexes

BIBLIOGRAPHIE

CONSPECTVS SIGLORVM

AVERTISSEMENT

DE FIGVRIS VENERIS – MANUEL D’ÉROTOLOGIE CLASSIQUE

I. De fututione – De la futution

II. De pedicando – De la pédication

III. De irrumando – De l’irrumation.

IV. De masturbando – De la masturbation

V. De cunnilingis – Des cunnilinges

VI. De tribadibus – Des tribades

VII. De coitu cum brutis – Du coït avec les bêtes

VIII. De spintriis – Des postures spintriennes

Figurarum Veneris enumeratio – Énumération des postures érotiques

ΕΙΚΟΣΙΜΗΧΑΝΟΝ – EIKOSIMECHANON

ESSAI SUR LA LANGUE ÉROTIQUE (Alcide Bonneau, 1885)

INDEX

– Noms de personnes, de peuples, de lieux

– Mots, locutions et expressions

1. Latin

2. Grec

– Sources

1. Auteurs grecs et latins

2. Autres auteurs

TABLE DES FIGURES


[1] Les Priapeia (ou Carmina Priapea) sont un recueil de 80 (dans certaines éditions 95) de courts poèmes latins anonymes du Ier siècle ayant pour thème le dieu phallique Priape.

[2] Martial (en latin Marcus Valerius Martialis), né vers 40, au mois de mars, et mort vers 104 à Bilbilis, petite ville de Tarraconaise (aujourd’hui province de Saragosse, Espagne), était un poète latin, connu pour ses Épigrammes, dans lesquelles il donne une image éclatante et grouillante de la Rome de la fin du Ier siècle. (Sources : Les Belles Lettres et Wikipédia.)

Date de publication
mercredi 12 février 2025
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