« Être capable de trouver sa joie dans la joie de l’autre : voilà le secret du bonheur. » (Georges Bernanos)

Régent du Collège de Pataphysique et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, le Français Bruno Fuligni (°1968) est un écrivain, historien, essayiste et maître de conférences à Sciences Po.

Après avoir participé à la rédaction du compte rendu analytique des séances de l’Assemblée nationale de son pays (1996-2005), il en a dirigé la Mission éditoriale (2005-2012).

Curieux de tout, doté d’un remarquable sens de l’humour et à la tête d’une œuvre fort considérable – une bonne cinquantaine d’ouvrages publiés –, c’est un spécialiste de l’histoire politique, policière et du renseignement de son pays, mais aussi de la gastronomie.

Dans ce registre, il publie Sociétés secrètes & gastronomie – À la découverte des chevaliers de l’estomac (Paris, Éditions Dervy), un petit essai qui fait saliver en donnant à connaître la vie hilarante (ou pas) et plus ou moins gourmande et bibitive de confréries aux noms fleuris qui ont existé (ou pas) ou existent encore dans l’Hexagone (l’Ordre de Noé, l’Ordre régulier des Cocus réformés, la Chevalerie de la Treille, l’Ordre des Altérés, les Chevaliers du Tastevin, le Cercle des Croqueurs de Cornichons Caractériels, la Confrérie des Chevaliers du Malt et de la Musique…), en Angleterre (le Club des Misérables, le Club des Laides Figures, la Sublime Société des Biftecks…) ou en Belgique (la Société pantechique et palingénésique des Agathopèdes qui accueillit des membres illustres comme Alexandre Dumas père, Félicien Rops, Charles De Coster, Michel de Ghelderode).

Se penchant au passage sur l’histoire d’une société française des débuts du XVIIIsiècle, la Coterie des Anti-Façonniers qui réunissait à table des personnes d’horizons variés (nobles et roturiers, catholiques et protestants, chrétiens et juifs), Bruno Fuligni y voit « une microsociété à la fois hédoniste et égalitaire (…), l’utopie d’une société libre qui se dessinait ».

Calquée sur le modèle des clubs anglais, cette Coterie avait en effet une dimension politique, à l’image du plus ancien des clubs british, « celui de la Tête de Veau dont les membres avaient coutume de manger en commun ce plat, arrosé de vin rouge, le 30 janvier, date  anniversaire de la décollation de Charles Stuart, décapité en 1649 par les partisans de Cromwell ; les républicains français n’ont fait que copier ce rituel en s’assemblant autour d’une tête de veau à la date du 21 janvier, celle de la décapitation de Louis XVI ».

« Autant de sociétés badines, épicuriennes, nées en même temps que la franc-maçonnerie. Quelques-unes la préfiguraient, certaines la parodiaient, d’autres la complétaient : toutes comportaient une initiation, un rituel, et pouvaient sous des dehors bouffons constituer des cercles de sociabilité au sein desquels la parole était libre et l’égalité de règle.

Leurs constitutions visaient à cultiver le plaisir, sous ses formes les plus variées, dans l’ambition de ne pas séparer le matériel du spirituel. Ces compagnonnages hédonistes ont forgé une chaîne invisible qui se prolonge aujourd’hui à travers les très fermés Club des Cent, Club des Cinquante et Club des Vingt. »

Savoureux !

PÉTRONE

Sociétés secrètes & gastronomie – À la découverte des chevaliers de l’estomac par Bruno Fuligni, Paris, Éditions Dervy, janvier 2025, 119 pp. en noir et blanc au format 14,2 x 22,2 cm sous couverture brochée en couleurs, 16 € (prix France)

Date de publication
vendredi 24 janvier 2025
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