L’écrivain sicilien Leonardo Sciascia (1926-1989) est incontestablement l’une des grandes pointures littéraires italiennes de la seconde moitié du XXe siècle, à la tête d’une œuvre importante et diversifiée (romans, nouvelles, théâtre, articles, scénarios, essais…)
Au sein de celle-ci, on pointera notamment Le Jour de la chouette (1961)[1], À chacun son dû (1966)[2], Le Contexte : une parodie (1971)[3] et Todo Modo (1974)[4] ainsi que le brillant essai historique Mort de l’inquisiteur paru chez Denoël en 1970 et qui ressort à prix d’ami chez Gallimard dans la collection « Folio ».
Il s’agit d’un roman-enquête relatant l’histoire de Diego La Matina (1622-1658), un moine sicilien persécuté pour hérésie par l’Inquisition de Palerme.
Membre de l’ordre des bénédictins, il fut traduit devant son tribunal en 1645, puis en 1646 (où il fut condamné à 5 ans de galères), ensuite en 1647 pour avoir écrit un livre jugé hérétique.
Probablement torturé, il fut renvoyé aux galères.
Le 7 août 1647, on le trouve impliqué dans une mutinerie.
Arrêté et jugé une fois de plus, il est condamné en 1650 à la réclusion à perpétuité et enfermé dans une cellule du palais Chiaramonte Steri de Palerme.
Parvenu à s’enfuir en 1656, il est capturé quelques jours plus tard, sans doute près de sa ville natale[5], et de nouveau incarcéré à Palerme.
En prison, le 4 avril 1657, il finit par assassiner, en l’étranglant avec ses chaînes, Juan Lopez Cisneros, le chef de l’Inquisition du royaume de Sicile.
C’est le seul cas historiquement connu d’un inquisiteur assassiné par l’une de ses victimes.
Condamné au bûcher puis brûlé vif après avoir refusé de rallier l’orthodoxie catholique, il est tenu par Sciascia pour martyr de la liberté de penser.
PÉTRONE
Mort de l’inquisiteur par Leonardo Sciascia, ouvrage traduit de l’italien, revu et corrigé par Mario Fusco, Paris, Éditions Gallimard, collection « Folio », novembre 2024 [1970], 117 pp. en noir et blanc au format 10,8 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 3 €
ŒUVRES DE LEONARDO SCIASCIA
Romans : Le Jour de la chouette (1961), Le Conseil d’Égypte (1963), À chacun son dû (1966), Le Contexte : parodie (1971), Todo modo (1974), Candido ou Un rêve fait en Sicile (1977), La Sorcière et le Capitaine (1986), 1912 + 1, (1986), Portes ouvertes (1987), Le Chevalier et la Mort (1988), Une histoire simple (1989).
Recueils de nouvelles : Les Oncles de Sicile (1958), Racconti siciliani (1966), réédité sous le titre La Mer couleur de vin en 1973, Actes relatifs à la mort de Raymond Roussel (1971), La Sentence immobile précédé de Le Théâtre de la mémoire (1982), Petites Chroniques (1985), Le feu dans la mer : Récits de Sicile 1947-1975 (2010).
Recueils de poésie : Fables de la dictature (1950), La Sicile, son cœur (1952), Il fiore della poesia romanesca (1952).
Essais et autres publications : Pirandello e il pirandellismo. Con lettere inedite di Pirandello a Tilgher (1953), Les Paroisses de Regalpetra (1956), Pirandello et la Sicile (1961), Mort de l’inquisiteur (1964), L’ordine delle somiglianze (1967), Le Cliquet de la folie : écrivains et choses de Sicile (1970), La Disparition de Majorana (1975), Les Poignardeurs (1976), Acque di Sicilia (1977), L’affaire Moro (1978), Du côté des infidèles (1979), Noir sur Noir : journal de dix années 1969-1979 (1979), Le Théâtre de la mémoire (1981), Mots croisés (1983), Stendhal et la Sicile (1984), Œil de chèvre (1984), Portraits d’écrivains (1985), Heures d’Espagne (1988), Pirandello de A à Z (1989), Faits divers d’histoire littéraire et civile (1989), En future mémoire : si la mémoire a un futur (1989), La storia della mafia (2013), Fine del carabiniere a cavallo. Saggi letterari 1955-1989 (2016).
Théâtre : Les Mafieux, précédé de Monsieur le député (1965), L’Évêque, le vice-roi et les pois chiches (1969).
Scénarios : Viol à l’italienne, film italien réalisé par Marcello Andrei (1963), Bronte : cronaca di un massacro che i libri di storia non hanno raccontato, film italien réalisé par Florestano Vancini (1972), La singolare avventura di Francesco Maria, épisode de la série télévisée Dieci registi italiani, dieci racconti italiani réalisé par Enzo Muzii (1983)[6].
[1] En 1968, le metteur en scène Damiano Damiani en a tiré un film avec Franco Nero et Claudia Cardinale.
[2] Inspiré de ce roman, le film homonyme réalisé en 1967 par Elio Petri avec Gian Maria Volonté dans le rôle principal, a reçu le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes de la même année.
[3] Porté à l’écran en 1976 par Francesco Rosi sous le titre Cadavres exquis, dans lequel Lino Ventura tient le rôle principal.
[4] Un film du même titre sera réalisé par Elio Petri en 1976, avec Gian Maria Volonté et Marcello Mastroianni.
[5] Racalmuto, qui est aussi la ville natale de Leonardo Sciascia.
[6] Sources : Wikipédia).