« La mode se démode, le style jamais. » (Coco Chanel)

Autrice de dix-huit livres [1] , petite-fille de dentellière, fille de couturière et forte d’une longue expérience de critique de mode dans les colonnes du Nouvel Obs, Sophie Fontanel (°1962) guide le lecteur de son Défilé au Louvre publié chez Seghers à Paris durant une visite fort originale du plus célèbre musée français.

Une pérégrination méditative au cours de laquelle cette cicérone au grand savoir et à l’œil exercé met en perspective et commente les tenues vestimentaires arborées dans 152 œuvres couvrant cinq mille ans d’histoire – des statuettes du département des Antiquités orientales aux tableaux de Delacroix, en passant par ceux de Metsijs, Vinci, Raphaël, Caravage, Holbein, Dürer, Clouet, Goya, Rubens, Véronèse, Rembrandt, Van Dyck, Vermeer, Gainsborough, Watteau, Fragonard, David, Vigée-Lebrun, Ingres et bien d’autres (grands ou petits) maîtres.

Extrait :

Cela apporterait de la lumière

Jacques-Louis David, Autoportrait (1794) [2]

Le foulard est noué sur la chemise, avec une espèce de nonchalance non dénuée de précision.

C’est un autoportrait, donc le peintre s’est habillé intentionnellement de cette manière, et sans doute a-t-il jugé que cela apporterait de la lumière. La blancheur de la chemise est sensationnelle. Dans le monde de la mode, si on doit photographier une étoffe d’une telle blancheur, on est dans l’embarras. Les vêtements blancs « saturent » l’image, en diffusant trop de clarté. Parfois, on les trempe dans du thé, pour les « calmer ».

Mais revenons à la peinture : ce nœud est magnifique. Nous devrions arranger sur nous le même, là, tout de suite. Parfois, lorsqu’on voit un aussi beau vêtement, aussi simple, on ne comprend tout simplement pas pourquoi il s’est démodé. Réaction naïve, car toute mode passe, ce qui lui permet de revenir. Sinon, quel ennui…

Un jour, un sourceur (une de ces personnes qui, pour les studios de mode, recherchent en permanence, dans le passé et aux alentours, des images propres à inspirer) tombe sur cette chemise, ce foulard. Et ça repart.

On refait la chemise, le col, le nœud.

PÉTRONE

Défilé au Louvre par Sophie Fontanel suivi d’un entretien avec Olivier Gabet, préface de Laurence des Cars, Paris, Éditions Seghers, octobre 2024, 360 pp. en quadrichromie au format 17,5 x 22,5 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 35 € (prix France)


[1] Sacré Paul (1995, prix du premier roman), Le plus jeune métier du monde (1999), Fonelle et ses amis (2002), L’Amour dans la vie des gens (2003), Le Savoir-vivre efficace et moderne (2003), Fonelle est amoureuse (2004), Sublime Amour (2005), Nouba chez les psys (2009), Otages chez les foireux (2009), À Moscou jusqu’au cou (2009), Grandir (2010, prix « Le Prince-Maurice » du roman d’amour 2011), L’Envie (2011), La Vocation (2016), Une Apparition (2017), Nobelle (2019), Les Fables de la Fontanel (2020), Capitale de la douceur (2021), Admirable (2023).

[2] Domaine public (www.wikiart.org/en/jacques-louis-david/self-portrait-1794).

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Date de publication
lundi 23 décembre 2024
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