Féru d’histoire, surtout médiévale, mais pas seulement, et passionné par les bandes dessinées, le philosophe, éditeur et essayiste belge Arnaud de la Croix (1959) se penche cette fois aux Éditions du Tiroir à Braine-l’Alleud sur Les prémonitions d’Edgar P. Jacobs, l’auteur emblématique (né en 1904 et décédé en 1987) de douze albums[1] des aventures du capitaine Francis Blake, un ancien pilote de la Royal Air Force devenu directeur du service britannique de contre-espionnage, et de son ami le professeur Philip Mortimer, spécialiste en physique nucléaire, fréquemment confrontés au colonel Olrik, un criminel de classe internationale.

Ces ouvrages empreints d’étrange, de science-fiction et d’ésotérisme furent prépubliés dans Le Journal de Tintin (1946-1988) dont ils étaient, avec les aventures de Tintin, Ric Hochet, Michel Vaillant ou les œuvres de Jacques Martin, l’une des séries phares.

Les aventures de Blake et Mortimer remportèrent un immense succès pérenne, furent poursuivies par de nombreux scénaristes et dessinateurs après la mort d’Edgar Pierre Jacobs[2] (17 albums parus) et se virent traduites dans une douzaine de langues[3].

Pour chacun d’entre eux – et en incluant Le Rayon U (1943) qui précéda la série –, Arnaud de la Croix, tout en détaillant brillamment les sources d’inspiration d’Edgar Pierre Jacobs, met en évidence le côté visionnaire de cet auteur dont les intuitions ont par la suite fait mouche – à l’instar de l’Uradium, préfiguration de l’uranium, dans Le Rayon U, comme l’invention de l’avion submersible américain Douglas X3 (1953) dans Le Secret de l’Espadon (1946), le dérèglement climatique dans S.O.S. Météores (1958), la déliquescence de l’orthographe française au mitan du XXI^e siècle dans Le Piège diabolique (1960), ou encore la robotique et le transhumanisme actuels dans Les Trois Formules du professeur Satō (1971).

Bluffant !

PÉTRONE

Les prémonitions d’Edgar P. Jacobs par Arnaud de la Croix, Braine-l’Alleud, Éditions du Tiroir, collection « L’Aventure » n° 4, octobre 2024, 46 pp. en quadrichromie au format 21 cm x 29,7 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 18 €

[1] Le Secret de l’Espadon (1946, 3 tomes), Le Mystère de la Grande Pyramide (1950, 2 tomes), La Marque jaune (1953), L’Énigme de l’Atlantide (1955), S.O.S. Météores (1958), Le Piège diabolique (1960), L’Affaire du collier (1965), Les Trois Formules du professeur Satō (1971, 2 tomes, le second, posthume par Bob de Moor).

[2] D’abord par Bob de Moor, puis, au scénario par Jean Van Hamme, Didier Convard, Yves Sente, Jean Dufaux, François Rivière, José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental, et au dessin par Ted Benoit, André Juillard, René Sterne, Chantal De Spiegeleer, Antoine Aubin, Étienne Schréder, François Schuiten, Peter van Dongen, Teun Berserik, Christian Cailleaux et Jean Harambat.

[3] L’anglais, l’allemand, le croate, le danois, l’espagnol, l’italien, le néerlandais, le portugais, l’arabe, le suédois et le finlandais. (Source : Wikipédia.)