Amours virginales…

Paul de Sinety (°1972), délégué général à la langue française et aux langues de France, est un haut fonctionnaire qui a consacré sa carrière à la promotion de la littérature et de la langue françaises.

En s’inspirant des textes existants – actes notariés, procès de canonisation –, il a rédigé pour les Éditions du Cerf à Paris Le secret de leur vie,un récit d’inspiration légendaire particulièrement romanesque, celui de La folle histoire d’amour de saint Elzéar et la bienheureuse Delphine qui s’étaient juré, le soir de leurs noces, le 5 février 1300, à Ansouis, un village provençal, de vivre pauvres et chastes à l’insu de tous.

Delphine de Signe[1], 15 ans, redoutait de perdre sa virginité qu’elle tenait pour une promesse d’éternité, si bien que, trois ans auparavant, le jour de ses fiançailles avec le seigneur Elzéar de Sabran[2], célébrées dans la cité de Marseille à la cour de Charles II, roi de Naples, comte de Provence, elle avait fui et s’était enfermée à double tour dans une chambre dont il fallut l’extraire par la force pour l’envoyer au monastère Sainte-Catherine de Sorbs, dans le Verdon.

Par la suite, le confesseur de sa famille, Guillaume de Saint-Marcel des Frères Mineurs, inquisiteur de la sainte Foi dans tout le pays de Provence, lui dit : « Tant que le mariage n’est pas consommé, tu n’auras rien trahi », ce qui la convainquit. Alors, l’affaire fut rondement menée, et le mariage annoncé dès le lendemain.

Durant la nuit de noces, Delphine persuada son époux âgé de 14 ans de ne jamais la toucher et de lui vouer par conséquent un amour passionné.

Il en fut ainsi et auprès d’eux les voyous devinrent bons, les pingres se montrèrent généreux, les cours royales se convertirent et rivalisèrent d’œuvres pies.

Leur couple rayonnait de grâces, animé d’un amour radical qui changeait le monde.

Jusqu’au 27 septembre 1323, jour où Elzéar, gravement malade, s’est éteint.

Devenue veuve, Delphine décida de vivre dans la pauvreté – devenant mendiante et recluse –, mais aussi de mener à bien la sanctification officielle de son époux, tout en multipliant les miracles.

C’est à Apt qu’elle décéda à l’aube du 26 novembre 1360 et, dit-on, une musique inimitable se répandit à travers les rues jusqu’au bout de la nuit.

Paul de Sinety ressuscite avec brio l’une des plus belles histoires d’amour du Moyen Âge, à l’instar de celles de Tristan et Iseut, de Lancelot et la reine Guenièvre ou encore d’Héloïse et Abélard.

PÉTRONE

Le secret de leur vie – La folle histoire d’amour de saint Elzéar et la bienheureuse Delphine par Paul de Sinety, Paris Éditions du Cerf, octobre 2024, 143 pp. en noir et blanc au format 12,5 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 15 € (prix France)


[1] Delphine de Sabran (1283-1360), née à Puimichel, dans les Alpes provençales, était la fille de Guillaume de Signes et de Delphine de Barras. Orpheline dès l’âge de sept ans, elle entra à l’abbaye de Sainte-Catherine de Sorbs, Puis son éducation fut confiée à sa parente la moniale Sibylle de Puget qui lui donna le dégoût du mariage et une totale répulsion face à la maternité en lui lisant les différentes vies des saints et des saintes « vierges ».

[2] Elzéar de Sabran (1285-1323), baron d’Ansouis, comte d’Ariano, est un saint catholique, canonisé le 15 avril 1369 par le pape Urbain V dans la basilique Saint-Pierre de Rome. Il fut régent du royaume de Naples. Il était l’époux de Delphine de Sabran et ils étaient tous deux tertiaires de l’Ordre de saint François d’Assise. Son prénom Elzearius signifie secours de Dieu en hébreu. (Source : Wikipédia.)

Date de publication
lundi 28 octobre 2024
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