Traduits par l’écrivain belge Paul Couturiau (°1952) et l’éditrice française Sabine Delattre († 2010), les Mémoires de Somerset Maugham ressortent aux Éditions Les Belles Lettres, et c’est un pur enchantement pour les amateurs de création littéraire !
Loin de n’être que l’auteur pour dames chanté en 1981 par Alain Souchon et Laurent Voulzy, William Somerset Maugham (Paris, 1874 – Nice, 16 décembre 1965) était un romancier, nouvelliste, dramaturge britannique, docteur en médecine et espion. Il fut l’un des écrivains les plus populaires de son époque, prolifique, très riche et traduit dans de nombreuses langues.
Fils d’un juriste de l’ambassade de Grande-Bretagne à Paris, il naquit derrière les murs de celle-ci, son père voulant lui éviter d’être soumis au service militaire français.
En 1882, sa mère décède de la tuberculose, à 41 ans, et son père, cancéreux, la suit dans la tombe en 1884.
Quittant alors Paris et ne parlant que le français, le jeune Somerset est alors recueilli par un oncle paternel, Henry MacDonald Maugham, vicaire anglican de Whitstable, petit port du Kent dans le sud de l’Angleterre.
Ce pasteur quinquagénaire, marié et sans enfant, fait montre d’un rigorisme moral et religieux des plus victoriens.
De 1885 à 1889, Somerset Maugham étudie à la King’s School de Cantorbéry. En hiver 1888, à la suite d’une pleurésie, il fait un séjour à Hyères (Côte d’azur), puis un second séjour l’hiver suivant, avant de partir pour Heidelberg, où il étudie l’allemand de 1890 à 1892.
En 1892, il entreprend des études de médecine, décroche son diplôme en 1897 et se lance aussitôt dans une carrière littéraire immédiatement acclamée par le public (Liza of Lambeth, 1897, The Making of a Saint, 1898, The Hero, 1901, Mrs Craddock, 1902…)
En 1915, année de la naissance de sa fille Liza – qu’il a eue avec Syrie Wellcome (1879-1955) qu’il épousera en 1917 –, Maugham rencontre un responsable du renseignement qui le recrute au sein du Secret Intelligence Service (SIS). Son best-seller Servitude humaine venant de paraître, le SIS estime que son activité d’auteur pourrait servir de couverture à ses activités d’espionnage et il est ainsi envoyé à Genève, puis, en juin 1917, à Saint-Pétersbourg en Russie pour une mission secrète dont le but est de soutenir le gouvernement provisoire contre les bolchéviques, qui finalement prendront le pouvoir quatre mois et demi plus tard.
En 1927, Maugham s’installe définitivement en France, à la Villa La Mauresque au cap Ferrat (Alpes-Maritimes), tout en parcourant le monde dans d’innombrables voyages.
Bisexuel, il avait entamé en 1917 une liaison avec Gerald Haxton, un jeune Américain de vingt-trois ans, liaison qui se poursuivra jusqu’à la mort de ce dernier en 1944. Maugham passera la seconde partie de sa vie avec Alan Searle (1905-1985), rencontré en 1928, dont il fera son héritier.
Forte d’une bonne vingtaine de romans (L’Envoûté, 1919, La Passe dangereuse, 1925, La Ronde de l’amour, 1930, Vacances de Noël, 1939, Il suffit d’une nuit, 1941, Le Fil du rasoir, 1944, Catalina, 1948), d’une trentaine de pièces de théâtre (Mademoiselle Zampa, 1904, Avant le Derby, 1919, Le Cercle, 1921, Constance, 1927, Le Cyclone, 1928, Sheppey, 1933) et de plus de 120 nouvelles (Pluie, 1921, Messageries d’Orient, 1923, Mabel, 1924, La Force des choses, 1924, Une amitié à toute épreuve, 1925, Le Mexicain chauve, 1927, Les Quatre Hollandais, 1929, Le Facteur humain, 1930, Vertu, 1931, Les Trois Grosses Dames d’Antibes, 1933, L’Indomptable, 1943, Madame la Colonelle, 1946, Fait divers, 1947) qui ont fait sa renommée, l’œuvre de Somerset Maugham a profondément marqué la littérature du XXe siècle et fait l’admiration d’auteurs aussi divers que Raymond Chandler (1888-1959), Jorge-Luis Borges (1899-1986), Evelyn Waugh (1903-1966), Anthony Burgess (1917-1993), Patricia Highsmith (1921-1995), Hector Bianciotti (1930-2012), John Le Carré (1931-2020), Bruce Chatwin (1940-1989) ou William Boyd (°1952).
Ses Mémoires, rédigés d’une plume élégamment trempée dans la sincérité et le British humour, livrent les petits et les grands secrets de son élaboration.
Les recettes du succès…
PÉTRONE
Mémoires par Somerset Maugham, ouvrage traduit de l’anglais par Paul Couturiau et Sabine Delattre, préface d’Hector Bianciotti, Paris, Éditions Les Belles Lettres, collection « Domaine étranger » dirigée par Jean-Claude Zylberstein, avril 2024 [1938], 335 pp. en noir et blanc au format 13,5 x 19,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 14,50 € (prix France)