Écrivain et critique littéraire belge de langue française à la pensée abondamment et plaisamment nourrie de culture antique – ses études de philologie classique à l’Université libre de Bruxelles, se sont achevées par une traduction du Contre les Galiléens de l’empereur Julien publiée en 1995 –, Christopher Gérard (°1962) collabore à diverses revues (Service littéraire, Le Salon littéraire, La Nouvelle Revue d’histoire, Le Spectacle du monde, Marginales, Livr’arbitres, La Revue générale, Éléments, etc.) et anime le blog littéraire Archaïon.

La plus grande partie de son œuvre a paru aux Éditions de L’Âge d’Homme à Lausanne[1] sous l’impulsion de Vladimir Dimitrijević (1934-2011) et à l’instigation de Jean-Baptiste Baronian (°1942), puis chez Pierre-Guillaume de Roux (1963-2021) à Paris[2], c’est dire quant à sa qualité exceptionnelle.

Et voilà que sort, intitulé Les Nobles Voyageurs, l’aggiornamento de ses Quolibets (2013), le recueil de notes de lecture qui nous avait ébloui par sa hardiesse de ton, sa liberté d’appréciation, son insolence élégante, son style flamboyant et l’éclectisme de ses choix, une mise à jour qui en fait un Baedeker pour affronter certains travers de notre temps maussade où règne hélas un consensus mou…

Car elles revigorent l’esprit, les mânes littéraires qu’invoque Christopher Gérard, de Jules Barbey d’Aurevilly, de Louis-Ferdinand Céline, de Michel Déon, de Pierre Drieu la Rochelle, d’André Fraigneau, d’Ernst Jünger, de Roland Laudenbach, de Jacques Laurent, de Félicien Marceau, de Michel Mohrt, de Paul Morand, de Philippe Muray, de Roger Nimier, de Jean Raspail, de Dominique de Roux, de Pol Vandromme, de Vladimir Volkoff – notre cicerone n’est pas « de gauche » –, mais les œuvres d’auteurs vivants et pas forcément très politisées ne sont pas exclues de son champ de vision, à l’instar de celle, splendide, de Corinne Hoex, passionnante, de Jean-Baptiste Baronian, complexe, de Michel Lambert, désarçonnante, d’Andreï Makine maquisarde, de Luc Delisse ou érudite, d’Alain van Crugten.

Ce répertoire de mousquetaires des lettres brille aussi par ses invitations à la découverte de plumes méconnues, oubliées ou clandestines et pourtant hautes en couleur, celles de Slobodan Despot, de Guy Dupré, de Guy Féquant, de Jean Forton, de Patrice Jean, d’Irina Golovkina, de Thomas Morales, de Jean Parvulesco, de Frédéric Rouvillois, de Milos Tsernianski et de bien d’autres encore, unies par le panache…

PÉTRONE

Les Nobles Voyageurs – Journal de lectures par Christopher Gérard, Paris, Éditions La Nouvelle Librairie, novembre 2023, 461 pp. en noir et blanc au format 14 x 21 cm sous couverture brochée en couleurs, 24,50 € (prix France)

[1] Parcours païen, essai, 2000 ; Le Songe d’Empédocle, roman, 2003 ; Maugis, roman, 2005 ; La Source pérenne, essai, 2007 ; Aux Armes de Bruxelles, récit, 2009 ; Porte Louise, roman, 2010 ; Vogelsang ou la mélancolie du vampire, roman, 2012 ; Quolibets. Journal de lectures, essai, 2013 ; Osbert & autres historiettes, nouvelles, 2014

[2] Le Prince d’Aquitaine, roman, 2018, ainsi que les rééditions d’Aux Armes de Bruxelles en 2017 et de Maugis en 2020.