Laurent Gohary (°1976) est titulaire d’un doctorat en histoire (Paris-Sorbonne) et d’un PhD en Études anciennes (Université Laval à Québec). Il est actuellement professeur d’histoire et de géographie en lycée et chargé de TD en histoire ancienne à l’Université Paris I – Panthéon-Sorbonne.
Il publie Scipion l’Africain – L’homme qui murmurait à l’oreille des dieux aux Belles Lettres à Paris, un magistral essai historico-biographique consacré à l’un des plus grands stratèges de l’Antiquité romaine, Publius Cornelius Scipio, né vers 236-235 av. J.-C., et mort en 183 av. J.-C. à Linterne en Campanie, qui avait été surnommé l’Africain après sa victoire sur Hannibal Barca[1] à Zama[2] en octobre 202 av. J.-C.
Auparavant, il avait sauvé Rome après la défaite des légions à Cannes en 216 av. J.-C., face au même Hannibal, en reconquérant et en pacifiant l’Ibérie puis Carthage.
Écoutons l’auteur :
« Bien loin de l’image idéalisée telle que l’imaginaient Poussin ou Mozart, le personnage eut une dimension plus sombre que la tradition a bien voulu le laisser paraître.
Calculateur souvent, cruel parfois, retors, mais aussi visionnaire, charismatique, généreux et habile diplomate, cet homme qui transgressa nombre de règles de la République eut pourtant la témérité nécessaire pour la sauver de son pire ennemi. Il sut apprendre d’Hannibal la ruse pour mieux le vaincre sur son propre terrain.
Précurseur d’un César, il modernisa l’armée romaine et ses tactiques. Philhellène, il introduisit plus qu’on ne le croit d’ordinaire la culture grecque dans une Rome encore conservatrice. Scipion donna également à la République les prémices d’une mainmise sur l’Espagne, l’Afrique et l’Asie, inaugurant de la sorte une romanisation qui tolérait les autres cultures à condition qu’elles se soumettent à Rome.
Mais il connut une terrible chute[3], témoignage de l’ingratitude d’une patrie qui redoutait l’ombre même des rois. Au point que la postérité lui préféra souvent la renommée lumineuse de son farouche adversaire. »
Un récit épique, plein de sang, de sueur et de larmes…
PÉTRONE
Scipion l’Africain – L’homme qui murmurait à l’oreille des dieux par Laurent Gohary, préface de Dominique Briquel, Paris, Éditions Les Belles Lettres, collection « Realia » dirigée par Jean-Noël Robert, octobre 2023, 412 pp. en noir et blanc au format 14 x 22,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 25,90 € (prix France)
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements et avant-propos
Préface de Dominique Briquel[4]
Introduction
« Appelé l’Africain, car il fut le premier Romain à vaincre sur le territoire de Carthage. »
Pourquoi Scipion ?
Chapitre 1
La gens Cornelia et la jeunesse de Scipion
1. La légende d’une mère étrusque et d’un serpent
2. Naître dans la gens Cornelia
3. Un portrait du caractère de Scipion adulte
4. Ludus ! L’éducation de Scipion
5. Mens sana in corpore sano
6. Géopolitique et leçons de choses
Chapitre 2
Petit traité d’éducation à l’art de la guerre pour Scipion l’Africain, par Publius Cornelius Scipio et Hannibal Barca
1. Le début de la guerre d’Hannibal et les premières armes de Scipion (218)
2. La neige tombait sur la rivière Trébie : décembre 218
3. Le désastre de Trasimène et la dictature de Fabius Maximus : 217
4. Le vent chaud du sud : Cannes, 2 août 216
5. Prodiges et sacrifices
6. Tribun puis édile
7. Les Scipions en Ibérie (218-211)
8. La nouvelle tragique et le deuil de Scipion
Chapitre 3
Scipion en Ibérie : le prix du sang (211-205)
1. La nomination de Scipion en Ibérie
2. Un jeune homme, des légionnaires et le dieu de la mer
3. Pythéas, Neptune et la prise de la nouvelle Carthage en 209
4. La continence de Scipion ou la fabrique du héros : mens sana
5. … in corpore sano : entraîner le corps des soldats
6. Comme les griffes d’un aigle : Baecula en 208
7. Le Métaure et Ilipa : 207
8. Diplomaties et subversions africaines
9. Crudelitas : le siège d’Iliturgis
10. Jeux et mises à mort rituelles
11. Massacres, faisceaux et mutinerie en 206
12. Les derniers combats de Scipion en Ibérie
Chapitre 4
Le consul Scipion, la Sicile et les légions oubliées de Cannes : 205
1. Le retour à Rome de Scipion au début de l’année 205
2. Les plans de Scipion en débat au Sénat
3. La Sicile : ses arsenaux, son blé et ses chevaux.
4. Locres et l’affaire Pleminius
5. Interludes africains : 205-204
6. Contre vents et marées
7. « J’ai affronté les guerres des hommes et les flots cruels »
8. Le printemps de 203 : les Grandes Plaines et la bataille navale de Tunis
9. Le retour d’Hannibal
10. Zama, le 19 octobre 202 : « Afin que, même à contrecœur, chacun fut forcé de se battre »
11. La continence de Scipion, « le rire d’Hannibal et les larmes de Carthage »
Chapitre 5
Sur les pas d’Alexandre le Grand à Rome : du triomphe à l’outrage
1. Le retour de Scipion l’Africain à Rome : le triomphe paradoxal
2. Un dangereux jeu d’influence
3. Le temps de l’hellénisme : entre guerre et fascination (200-195)
4. Le second consulat de Scipion en 194 : le bon, la brute et le truand
5. La gloire et l’orgueil d’Antiochos III le Grand
6. Diplomatie, voyages et manigances (printemps 193)
7. La guerre syrienne (191-188)
8. Dernier triomphe, procès et exil : la chute de la maison des Scipions ?
9. L’affaire des Bacchanales ou la haine des Grecs
10. « Rufilius sent le musc » et Scipion la terre
Épilogue
Portraits
Généalogie des Cornelii Scipiones
Notes sur les sources et la bibliographie
Note sur les sources
Note sur la bibliographie
Bibliographie sélective
Index
Table des cartes
[1] Hannibal Barca, né en 247 av. J.-C. à Carthage (au nord-est de l’actuelle Tunis en Tunisie) et mort entre 183 av. J.-C. et 181 av. J.-C. en Bithynie (près de l’actuelle Bursa en Turquie), était un général et homme politique carthaginois, généralement considéré comme l’un des plus grands tacticiens militaires de l’histoire.
[2] Zama est une ville antique d’origine numide, rattachée ultérieurement à la Proconsulaire romaine, située en Tunisie actuelle.
[3] Un procès intenté par Caton l’Ancien (né en 234 av. J.-C. dans le municipe de Tusculum et mort en 149 av. J.-C. à Rome) qui le détestait et dont les charges furent abandonnées poussa Scipion à s’éloigner des honneurs de la République romaine et à se retirer dans ses terres où il mourut. Il refusa d’être enterré dans le célèbre tombeau des Scipions sur la Via Appia et l’épitaphe de son tombeau à Linterne disait : « Ingrate patrie, tu n’auras pas mes os. » (Wikipédia)
[4] Ancien élève de l’École normale supérieure et de l’École française de Rome, Dominique Briquel (°1946) a été professeur de latin à la Sorbonne et a parallèlement assuré une direction d’études en étruscologie à l’École pratique des hautes études. Ses recherches portent sur la civilisation étrusque et sur les périodes les plus anciennes de l’histoire romaine.