Dans Les grandes erreurs de la Seconde Guerre mondiale, un essai collectif publié chez Perrin sous la direction de Jean Lopez et d’Olivier Wieviorka, des historiens pointent 20 bévues stratégiques commises par les belligérants qui s’affrontèrent entre 1939 et 1945 sur terre, sur mer et dans les cieux aux quatre coins de la planète, des fourvoiements qui éternisèrent considérablement le conflit.
Car il y a fort à parier que si Daladier et Chamberlain avaient usé de fermeté dans les années 1930, si l’empire nippon n’avait pas envahi la Chine en juillet 1937, si la France, en mai 1940, n’avait pas imprudemment lancé ses forces en Belgique et en Hollande, puis, un mois plus tard, accepté l’armistice, si les Panzers ne s’étaient pas arrêtés devant Dunkerque, si Hitler ne s’était pas obstiné à gagner la bataille d’Angleterre ou à prendre Stalingrad, si le IIIe Reich avait mené une autre politique au Moyen-Orient, si les troupes de l’Axe avaient envahi Malte, si les Canadiens n’avaient pas débarqué à Dieppe, si Mussolini n’avait pas décidé de s’allier à Hitler et, plus tard, d’envahir la Grèce, si les Britanniques avaient eu une autre vision militaire de Singapour, si les Japonais n’avaient pas livré la bataille de Midway, si les Anglo-Américains n’avaient pas débarqué en Afrique du Nord et plus tard bombardé Monte Cassino puis, massivement, l’Allemagne, si l’insurrection de Varsovie avait été une réussite, si les Anglais ne s’étaient pas obstiné à vouloir l’opération « Market Garden » en 1944, si les vainqueurs avaient renoncé à la capitulation inconditionnelle des vaincus, la face de la guerre en eût été changée et sa durée vraisemblablement raccourcie.
Cet ouvrage explore la rationalité des acteurs, car les décisions prises par les dirigeants politiques ou les chefs militaires reposaient sur un ensemble de paramètres que les auteurs s’efforcent de décrire, dans le but de comprendre pourquoi ils menèrent à l’échec.
Leur constat ?
« Les stratégies se fondaient sur des informations parfois imparfaites, sur des moyens souvent limités, sur des hypothèses par moment fallacieuses, autant de facteurs qui conduisirent, plus d’une fois, au désastre, comme aussi l’orgueil, l’obstination, le carriérisme et l’opportunisme menant à la prise de mauvaises décisions. »
Hélas…
PÉTRONE
Les grandes erreurs de la Seconde Guerre mondiale sous la direction de Jean Lopez et Olivier Wieviorka, Paris, Éditions Perrin, collection « Tempus », mai 2023 [2020], 333 pp. en noir et blanc au format 10,8 x 17,7 cm sous couverture brochée en couleurs, 8 € (prix France)
TABLE DES MATIÈRES
Introduction par Jean Lopez et Olivier Wieviorja
– L’apaisement, une erreur par Raphaëlle Ulrich-Pier
– L’invasion de la Chine par le Japon par Benoist Bihan
– L’alliance de Hitler avec l’Italie (1926-1941) par Felix et Roman Töppel
– La manœuvre « Dyle-Bréda » (10-15 mai 1940) : un plan trop loin ? par Vincent Bernard
– L’arrêt des Panzers devant Dunkerque : une erreur irréparable de Hitler ? par Jean Lopez
– L’armistice de 1940 par Olivier Wieviorka
– L’intervention italienne en Grèce par Hubert Heyriès
– La surprise de « Barbarossa » : la raison du plus fou par Jean Lopez
– Ne pas capturer Malte par Daniel Feldmann
– Dieppe 1942, le nadir des armes britanniques par Pierre Grumberg
– La défense de Singapour par Benoist Bihan
– Le débarquement en Afrique du Nord par Olivier Wieviorka
– Midway : la mauvaise bataille au mauvais endroit par Benoist Bihan
– Hitler et le Moyen-Orient : une occasion manquée ? par Christian Destremeau
– Le bombardement de Monte Cassino, une erreur stratégique et politique par Julie Le Gac
– Stalingrad, une bataille qu’il ne fallait pas livrer par Jean Lopez
– Le bombardement stratégique par Olivier Wieviorka
– La capitulation inconditionnelle : erreur évitable ou condition préalable à la victoire alliée ? par Nicolas Stargardt
– L’échec de l’insurrection de Varsovie par Jacek Tebinka
– « Market Garden » (septembre 1944) : les dessous d’un « magnifique désastre » par Nicolas Aubin
Notices biographiques des auteurs