Auteur d’ouvrages sulfureux (Marthe et l’enragé, 1927, Satan l’Obscur[1], 1933) et de textes d’une grande sensibilité poétique (Les Paons et autres merveilles, 1933, Dressé, actif, j’attends, 1936, Palombes et colombes, 1940, Héritiers de l’abîme, 1950), le paria des lettres françaises[2] Jean de Bosschère (Uccle, 1878 – Châteauroux, 1953) était un romancier, peintre[3] et poète belge[4], ami de créateurs aussi divers qu’Antonin Artaud, Max Elskamp, Jacques Audiberti, Joë Bousquet, Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz, André Suarès, James Joyce, T.S. Elliot, Aldous Huxley, Ezra Pound, Henri Michaux, Jean Follain, Max Jacob, Jean Paulhan et Balthus, tous admiratifs de son talent.
Bien que l’essentiel de son œuvre ait sombré dans l’oubli, Jean de Bosschère demeure un maître dans l’art de découvrir et de décrire le mystère des choses animales et végétales, comme l’atteste Le Chant des haies, un texte somptueux paru chez Klincksieck à Paris dans la collection « De Natura rerum » qui avait déjà accueilli du même auteur La Fleur et son parfum et Les Paons et autres merveilles.
Présentation de l’éditeur :
Voici la haie vive : monde secret, fourmillant d’êtres dont elle est le refuge, l’abri, le garde-manger. Le naturaliste l’observe, il l’espionne, pourrait-on dire, dès l’aurore, guettant les premiers bruits du réveil, cris, chants qui se mêlent dans un tout harmonieux. Voici le pic, chasseur de vers et de larves, voici les derniers attardés, la chouette et l’effraie…
Les saisons passent sur la haie. La Voie Lactée printanière est une longue et lumineuse traînée de fleurs. Les insectes peu à peu fourmillent : hanneton, cantharide, grillon. Voici les parfums : églantine, muguet, sureau, tilleul ; les parures : liseron, chèvrefeuille, clématite.
Les chenilles apparaissent, mais aussi les papillons. Comme il a amoureusement décrit la fleur, l’oiseau, le scarabée et l’escargot, Jean de Bosschère s’attarde aux merveilles du vanesse, du paon de jour, du machaon. La haie offre ses bouquets : violette, campanule, digitale ; elle est faite d’arbres aussi : charme, érable, cornouillet. La nuit, c’est le règne de la belette et de la chauve-souris.
L’automne transforme la haie en buisson ardent. Les fruits de l’églantier, de l’alisier, du fusain bonnet-de-prêtre revêtent les branches d’écarlate.
Une à une, toutes les plantes sont décrites avec leurs habitats, leurs mœurs, leurs vices et leurs vertus. Tous les oiseaux, tous les insectes et le comportement particulier de chaque espèce ; aucun être végétal ou animal n’est oublié, et des dessins[5] aussi gracieux qu’exacts illustrent ces pages où la poésie ne le cède qu’à la science.
Un pur enchantement !
PÉTRONE
Le Chant des haies – Flore et faune des lisières par Jean de Bosschère, illustrations de Jean de Bosschère et Anne Lefrançois, Paris, Éditions Klincksieck, collection « De Natura Rerum », avril 2023, 234 pp. en quadrichromie au format 12 x 18 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 21,90 € (prix France)
TABLE DES MATIÈRES
À l’Aurore
Pic, Chouette, Effraie
La Voie Lactée
Réflexions Morales
Oiseaux
Insectes
Splendeurs Éphémères
Les Ailes des Papillons
Diaprures des Ailes
Le Loroglosse
Mauvaises Herbes
Autres Herbes « Sauvages »
Bouquets des Haies
L’Avènement des Pourpres
Dans l’Ombre de la Nuit
Belette et la Chauve-Souris
Le Pommier et le Chêne
Buisson Ardent
L’Alisier Buisson Ardent
Le Bonnet de Prêtre
La Calotte et le Gilet Rouges
Herbe aux Femmes Battues
La Bryone
Essaims de Pinsons
Le Beau Friand d’Abeilles
Sous les Cèdres de Nohant
[1] Paru chez Denoël & Steele à l’instigation de Robert Poulet.
[2] Selon la formule, en 1956, du critique, philologue et poète Robert Guiette (1895-1976).
[3] Formé à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers.
[4] Il fut naturalisé français en 1951, deux ans avant son décès.
[5] De Jean de Bosschère et Anne Lefrançois.