Dans Saint-Just, une BD coéditée par les maisons Glénat et Fayard, le scénariste Noël Simsolo et le dessinateur Michael Malatini, accompagnés de l’historien Jean Tulard, s’attellent au récit de la vie d’un des personnages les plus célèbres – et clivants – de l’histoire de la Révolution française.
Surnommé « l’Archange de la Terreur[1] » par l’historien Jules Michelet (1798-1874), Louis Antoine Léon de Saint-Just, né le 25 août 1767 à Decize (Nivernais, aujourd’hui Nièvre) et mort guillotiné à 26 ans le 10 thermidor an II (28 juillet 1794) à Paris, place de la Révolution (actuelle place de la Concorde), était un homme politique français.
Plus jeune élu à la Convention nationale[2], il était membre du groupe des Montagnards[3].
Soutien indéfectible de Robespierre à qui il resta fidèle jusqu’à la mort, il fut emporté dans sa chute, le 9 thermidor.
D’une éloquence remarquée, Saint-Just se distingua par l’intransigeance de ses principes prônant l’égalité et la vertu, ainsi que par l’efficacité de ses missions de commissaire aux armées révolutionnaires, au cours desquelles il redressa la situation de l’armée du Rhin (créée le 14 décembre 1791 et pour qui fut écrite La Marseillaise afin de galvaniser ses soldats) et il participa à la victoire des armées républicaines à Fleurus le 26 juin 1794.
Il fut notamment l’inspirateur de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793.
Portrait de Louis de Saint-Just, huile sur toile (1793) de Pierre-Paul Prud’hon (1758-1823)
Musée des Beaux-Arts de Lyon
Combattant politiquement les Girondins[4], les Hébertistes[5] puis les Indulgents[6], il fit voter la confiscation des biens des ennemis de la République au profit des patriotes pauvres.
Lors de la crise qui conduisit à l’arrestation de Robespierre, il tenta, en vain, de réconcilier les factions qui se disputaient le pouvoir révolutionnaire, avant de se laisser arrêter par les troupes fidèles à la Convention, le matin du 10 thermidor.
Conduit à l’échafaud sous les insultes de la foule, il conserva une attitude noble et détachée jusqu’à la chute du couperet, vers 19 heures 30.
Il laisse, pour d’aucuns, le souvenir d’un révolutionnaire à l’idéal pur et dur, et pour d’autres, celui d’un criminel sanguinaire et exalté…
PÉTRONE
Saint-Just par Noël Simsolo (scénario), Jean Tulard (historien), Michael Malatini (dessins) et Arancia Studios (couleur), Grenoble, Éditions Glénat, Paris, Éditions Fayard, collection « Ils ont fait l’Histoire », octobre 2022, 56 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 14,95 € (prix France)
[1] La Terreur est le terme communément employé pour désigner une période de la Révolution française entre 1793 et 1794. Au cours de cette période, de nombreuses arrestations, exécutions sommaires, procès expéditifs et massacres ont eu lieu, sous des autorités diverses et pour des motifs variés. On estime qu’environ 500 000 personnes furent emprisonnées et plusieurs dizaines de milliers furent exécutées par guillotine, fusillades ou noyades.
[2] La Convention nationale était à la fois le régime politique et le Parlement qui gouverna la France du 21 septembre 1792 au 26 octobre 1795. Elle sera suivie par le Directoire, du 4 brumaire an IV (26 octobre 1795) au 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799).
[3] La Montagne (ses membres étant appelés « les Montagnards ») était un groupe politique à la Convention nationale, composé des révolutionnaires les plus radicaux – parmi lesquels Robespierre (1758-1794), Danton (1759-1794) et Marat (1743-1793) – et opposés aux Girondins.
[4] La Gironde (ses membres étant appelés « les Girondins ») était un groupe politique siégeant à l’Assemblée législative puis à la Convention nationale, pendant la Révolution française. L’appellation de « Girondins », inconnue à l’époque, fut popularisée au XIXe siècle, notamment par Lamartine dans son Histoire des Girondins (1847), et provient de la région d’origine des premiers députés de ce groupe.
[5] Les Hébertistes, appelés les « exagérés » pendant la Révolution française, étaient principalement des membres du club des Cordeliers (le club des Cordeliers ou société des Amis des droits de l’homme et du citoyen était une société politique fondée le 27 avril 1790 qui tenait ses assises dans l’ancien réfectoire du couvent des Cordeliers de Paris), appartenant pour un grand nombre aux rangs de la Montagne à la Convention. Le mot « Hébertistes » est né lors du procès des « exagérés », dont Hébert fut la figure la plus connue du public en raison de son journal Le Père Duchesne. Dans le contexte violent du début de l’année 1794, les provocations répétées de ceux qui se réunissaient aux Cordeliers et dont Hébert était le relais médiatique attirèrent les foudres du gouvernement révolutionnaire. Le 24 mars 1794, les principaux Hébertistes furent guillotinés sur la place de la Concorde.
[6] Les Indulgents est le nom donné par Georges Danton et ses amis aux anciens membres du club des Cordeliers, parmi lesquels Camille Desmoulins, qui dès la fin de 1793 posèrent la question de l’utilité de la Terreur. (Source : Wikipédia)