Après avoir publié chez Flammarion L’herbier de Marie-Antoinette et Le roman des Guerlain, parfumeurs de Paris, l’historienne française Élisabeth de Feydeau revient dans la même maison avec Elsa Schiaparelli, l’extravagante, une biographie brillamment enlevée de la créatrice italienne de mode qui, dans le second tiers du XX^e siècle, fut la grande rivale de Coco Chanel, et à qui, après des décennies d’oubli, est consacrée une exposition rétrospective au musée des Arts décoratifs de Paris jusqu’au 22 janvier 2023.

Elsa Schiaparelli, née le 10 septembre 1890 à Rome et morte le 13 novembre 1973 à Paris, était issue de l’aristocratie italienne, descendante des Médicis par sa mère.

Après ses débuts dans le métier en 1927, elle a créé l’entreprise de haute couture Schiaparelli qu’elle a dirigée des années 1930 jusqu’en 1954, puis elle a fond une société en 1957 pour continuer à vendre ses parfums et en a fait la promotion jusqu’à la fin de sa vie.

Volontairement provocatrice et considérée comme avant-gardiste, Elsa Schiaparelli que ses parents avaient envoyée au couvent et qui, tour à tour, a inventé la couture spectacle, la démesure, qui a reformulé les normes de l’élégance, celles de la beauté, a connu la célébrité pour l’utilisation du surréalisme dans son œuvre, pour les couleurs criardes comme son Rose shocking (utilisé dans la couverture de l’ouvrage dont nous parlons), ainsi que pour l’usage non conventionnel et excentrique du vêtement.

Il est vrai que ses collaborateurs se nommaient Salvador Dalí [1], Elsa Triolet, Alberto Giacometti, Leonor Fini, Jean Cocteau, mais aussi le joaillier Jean Schlumberger et Jean-Michel Frank [2], un des principaux décorateurs français de la période Art déco, qu’elle fut portraiturée par Man Ray et Pablo Picasso, et qu’elle comptait parmi ses clientes les actrices Arletty, Marlene Dietrich, Greta Garbo, Gloria Swanson, Claudette Colbert, Mae West, Joan Crawford, Jane Russel, Michèle Morgan, Lauren Bacall, Zsa Zsa Gabor et l’aviatrice américaine Amelia Earhart.

Le fameux Rose shocking, devenu sa signature [3].

Ses collections utilisaient de manière récurrente des motifs comme l’anatomie humaine, les insectes, le spectacle, les trompe-l’œil, comme celle intitulée « Le Cirque » présentée le 4 février 1938 avec ses motifs brodés de chevaux, d’éléphants ou d’acrobates, de bottes à poils de singe, de chapeaux de clowns, d’autres imitant un encrier géant…

Un récit de vie haletant à dévorer avant la visite de l’exposition !

PÉTRONE

Elsa Schiaparelli, l’extravagante par Élisabeth de Feydeau, Paris, Éditions Flammarion, septembre 2022, 384 pp. en noir et blanc + 1 cahier photo de 19 pp. en quadrichromie au format 14,5 x 22 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 23,90 € (prix France)

SHOCKING ! LES MONDES SURRÉALISTES D’ELSA SCHIAPARELLI

Cette exposition réunit 520 œuvres dont 272 costumes et accessoires de mode, mis en regard de 248 peintures, sculptures, bijoux, flacons de parfum, céramiques, affiches et photographies signées des plus grands noms de l’époque, de Man Ray à Salvador Dalí, de Jean Cocteau à Meret Oppenheim ou encore d’Elsa Triolet.

Cette grande rétrospective met également en lumière l’héritage du style Schiaparelli avec des silhouettes interprétées par de célèbres couturiers lui rendant hommage : Yves Saint Laurent, Azzedine Alaïa, John Galliano, Christian Lacroix.

Elsa Schiaparelli, détail de la cape « Phœbus », hiver 1937-1938 [4].

Daniel Roseberry, directeur artistique de la maison Schiaparelli depuis 2019, interprète l’héritage d’Elsa Schiaparelli.

Adresse :

Musée des Arts décoratifs (MAD)

107 Rue de Rivoli

75001 Paris

Accèssibilité :

Métro : Palais-Royal, Pyramides ou Tuileries

Bus : 21, 27, 39, 68, 69, 72, 95

Téléphone :

00 33 1 44 55 57 50

Site Web :

Les Arts Décoratifs – Site officiel (madparis.fr)

Dates :

Jusqu’au 22 janvier 2023

Tarifs :

Plein tarif : 14 €

Tarif réduit : 10 €

Moins de 18 ans : gratuit

18-25 ans : gratuit (sur justificatif, dans la limite des places disponibles)

Personnes en situation de handicap et un accompagnateur : gratuit (sur justificatif – prendre un billet par personne)

La réservation en ligne est fortement recommandée pour les visites prévues les samedis et dimanches.

Horaires :

Du mardi au vendredi de 11 heures à 17 heures

Le samedi de 12 heures à 17 heures

Le dimanche de 11 heures à 17 heures

Fermé le lundi

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[1] Qui, outre un étonnant chapeau soulier, créa pour une de ses robes du soir en organdi portée par Wallis Simpson, un tissu orné d’un homard, vêtement à la forte tension érotique.

[2] Par ailleurs le cousin d’Anne Frank (1929-1945).

[3] © Paris Joules from Southern California, USA — Shocking Pink Schiaparelli, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10667875

[4] Photo : Les Arts Décoratifs – Site officiel (madparis.fr)