« Sur notre planète, comme sur un jeu d’échecs, les cases blanches de la prospérité jouxtent les cases noires du malheur. » (Mikhaïl Gorbatchev)

Diplômé de l’Institut national des langues et civilisations orientales où il a étudié le russe et le polonais, Bernard Lecomte, né le 22 novembre 1949 à Tunis, est un journaliste, éditeur, blogueur et écrivain français.

Ila été chef du service étranger de La Croix, grand reporter à L’Express et rédacteur en chef du Figaro Magazine.

Spécialiste reconnu du Kremlin et du Vatican, il a notamment publié le Dictionnaire amoureux des Papes (Plon, 2016), Les secrets du Kremlin (Perrin, 2017), L’histoire du communisme pour les Nuls (First, 2017), Le Pape qui a vaincu le communisme (Perrin-Tempus, 2019), Tous les secrets du Vatican (Perrin, 2019), KGB. La véritable histoire des services secrets soviétiques (Perrin, 2020) et Ces chrétiens qui ont changé le monde (Tallandier, 2022).

Il est aussi l’auteur de deux biographies magistrales, celles de Jean-Paul II (Gallimard, 2003) et de Gorbatchev(Perrin, 2014[1]), un essai passionnant dont nous vous reparlons en ce 3 septembre 2022, jour des discrètes funérailles à Moscou du dernier dirigeant de l’URSS, effondrée en 1991.

Prix Nobel de la paix 1990, Mikhaïl Gorbatchev, né le 2 mars 1931 à Privolnoïe (dans l’actuel kraï de Stavropol, dans le Caucase du Nord) et mort le 30 août 2022 à Moscou, a fait l’objet de vives interrogations auxquelles Bernard Lecomte apporte des réponses précises après trois années d’enquête minutieuse.

Extraits de l’introduction :

« Il ne fait aucun doute que Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev a changé l’histoire. Si cet homme-là n’était pas parvenu à la tête du Parti communiste de l’URSS un certain 11 mars 1985, l’histoire de l’Europe eût été différente. L’histoire du communisme, l’histoire de la guerre froide également. Et aussi l’histoire de la Russie, bien sûr. Certes, les événements qui ont conduit à la fin de l’Union soviétique, berceau du communisme mondial, doivent essentiellement aux rapports de forces politiques, au choc des systèmes économiques, aux mutations technologiques, notamment sur le terrain militaire, ainsi qu’à de puissants facteurs collectifs d’ordre national, religieux ou culturel. Mais sans Gorbatchev, toute cette histoire eût été différente.

L’homme qui a succédé à une série de dirigeants cacochymes – Brejnev, Andropov, Tchernenko – figés dans leurs certitudes idéologiques et paralysés par sept décennies de régime totalitaire, a mené une politique délibérément réformatrice que personne n’avait prévue et qui a abouti, en un temps relativement court, à deux résultats majeurs : l’effondrement du communisme en Europe et le démantèlement de l’empire soviétique. Or, douze ans plus tard, une question taraude nombre d’historiens : cet homme-là voulait-il vraiment l’effondrement du communisme en Europe ? Et le démantèlement de l’empire soviétique ?

La réponse n’est pas simple, mais elle est négative. En 1985, Mikhaïl Gorbatchev a été porté à la tête du Parti communiste de l’URSS avec la mission de le moderniser, de le réformer, de le sortir de l’impasse où l’avaient conduit ses précédents guides : “Cet homme-là a un beau sourire, mais il a des dents d’acier”, avait dit le vieil Andreï Gromyko le soir de l’élection de son jeune poulain. Or, après avoir lancé ses deux principaux mots d’ordre, la perestroïka (restructuration) et la glasnost (transparence), le nouveau patron du PCUS va voir le parti unique perdre rapidement son emprise sur la société, puis, malgré lui, s’effondrer définitivement après un dernier sursaut – le putsch de 1991 – qui précipitera sa chute.

Il en fut de même pour l’URSS. Gorbatchev a incarné, aux yeux de ses collègues, la volonté de perpétuer une “Union soviétique” répondant intelligemment aux velléités autonomistes de ses Républiques périphériques. Or, le président de l’URSS s’est avéré incapable d’endiguer le mouvement vers l’indépendance que lui-même, par sa politique, avait encouragé. Et il n’a pas vu émerger, dans la tourmente nationaliste et ethnique qui s’en est suivie, une République qui allait faire exploser le système : la Russie. »

Et encore moins les guerres qu’elle mène actuellement…

Cet ouvrage remarquable permet aussi au lecteur, par un jeu de miroir, de comprendre en partie les idées qui animent l’action continue de Vladimir Poutine en vue du rétablissement d’un certain ancien monde…

PÉTRONE

Gorbatchev par Bernard Lecomte, Paris, Éditions Perrin, collection « Tempus », août 2017 [2015], 569 pp. en noir et blanc au format 10,6 x 17,7 cm sous couverture brochée en couleurs, 11 € (prix France)

TABLE

Introduction.

Arbre généalogique de Mikhaïl et Raïssa Gorbatchev

1. Grandir sous Staline

2. Étudiant à Moscou

3. Raïssa Maximovna

4. Les jardins de Stavropol

5. Les premiers pas

6. Camarade Premier secrétaire

7. Dans les coulisses du Comité central

8. Le successeur

9. Faire oublier Brejnev

10. Le choc de Tchernobyl

11. Le réveil de la culture

12. Le » secrétaire minéral »

13. Vivre au Kremlin

14. La « first lady »

15. Premières lézardes

16. 1988 : la fuite en avant

17. La fin de la guerre froide

18. Les craquements

19. Une élection chasse l’autre

20. La chute du Mur

21. Le rôle dirigeant du Parti

22. Le grand écart

23. Le combat des chefs.

24. Un putsch minable

25. La fin d’un empire

Épilogue. Y a-t‑il une vie après le Kremlin ?

Carte politique de l’URSS (avec les Républiques) en 1985

Notes

Glossaire

Chronologie

Bibliographie

Index


[1] Ressortie en 2017 au format de poche dans la collection « Tempus » et toujours disponible à la vente.

Date de publication
samedi 3 septembre 2022
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