Parmi les chefs-d’œuvre de Venise, il en est un resté jusqu’ici ignoré : son Palais royal, édifié au cœur même de la ville, à la suite de l’occupation française (1805-1815), sur l’espace occupé par l’ancienne église San Geminiano face à la basilique byzantine sur la célébrissime place Saint-Marc.
Né de la volonté de Napoléon, avant d’être habité par les Habsbourg, en particulier par l’impératrice d’Autriche Élisabeth de Wittelsbach (1837-1898), dite « Sissi », épouse de l’empereur François-Joseph Ier (1830-1916), qui y a laissé sa marque, ce palais vibrant d’histoire est une véritable encyclopédie des arts décoratifs à Venise au XIXᵉ siècle.
Démembré au XXᵉ siècle, il devint en partie le musée Correr[1], tandis que les décors de vingt pièces transformées en bureaux étaient laissés à l’abandon.
Jusqu’à ce que le Comité français pour la sauvegarde de Venise mène un combat de plus de vingt ans pour faire renaître ce somptueux monument et l’ouvrir au public.
Publié à l’occasion de l’inauguration du palais rénové qui aura lieu à la fin du mois de juin 2022, le passionnant ouvrage de l’historien français Jérôme Ziessenis[2] intitulé Le Palais royal de Venise – Le joyau caché de la place Saint-Marc (Paris, Flammarion) fait parler les murs de ce monument et dévoile au lecteur, par le biais de 3 cahiers photographiques en couleur de 16 pages chacun, la somptuosité des salles restaurées du palais.
Bureau de Sissi
Si ce livre passionnant est, comme l’écrit son préfacier Pierre Rosenberg[3], « l’ouvrage d’un historien qui écrit brillamment une page méconnue de l’histoire de Venise », c’est aussi le récit de l’engagement d’une vie pour la sauvegarde d’un joyau architectural au destin hors du commun.
Et pour sa splendide résurrection !
PÉTRONE
Le Palais royal de Venise – Le joyau caché de la place Saint-Marc par Jérôme Ziesseniss, préface de Pierre Rosenberg de l’Académie française, photographies de Massimo Listri, Paris, Éditions Flammarion, mai 2022, 253 pp. en noir et blanc + 3 cahiers de 16 pp. en quadrichromie au format 15,6 x 21,4 cm sous couverture brochée en couleurs, 25 € (prix France)
[1] Le musée Correr est le musée municipal de Venise. Il doit son nom à Teodoro Correr (1750-1830), un magnat descendant d’une des plus anciennes familles vénitiennes, qui a légué en 1830 sa collection d’œuvres d’art à la cité des doges. Le musée abrite des œuvres d’art, des documents, des objets et des cartes témoignant de l’histoire et de la vie quotidienne de Venise à travers les siècles. La pinacothèque renferme une remarquable collection d’œuvres d’Antonio Canova (1757-1822) : Orphée et Eurydice, Dédale et Icare, Vénus, de Giambattista Pittoni (1687-1767) : La Mort de la Vierge, Adorazione dei pastori, Adorazione dei magi, Ritrovamento di Mosè et Presentazione del tempio, de Vittore Carpaccio (ca 1465 – ca 1525) : Homme au chapeau rouge, de Giovanni Bellini (entre 1424 et 1433 – 1516) et d’Antonello da Messina (ca 1430 – 1479). Il conserve également six gros volumes contenant les esquisses des décors réalisés par Francesco Bagnara (1784-1866) pour le théâtre de la Fenice (construit au XVIIIe siècle dans le style néo-classique avec une salle proposant cinq étages superposés de loges finement décorées en rouge et or. Il est, avec la Scala de Milan et le San-Carlo de Naples, l’un des temples les plus prestigieux de l’opéra italien. La Fenice a vu la création de plusieurs opéras de Rossini, Bellini, Donizetti ou de Verdi). Le musée municipal possède une collection numismatique de plus de 50 000 pièces et la bibliothèque léguée par Teodoro Correr est riche de 12 000 manuscrits, 750 incunables et 100 000 monographies et périodiques. (Source : Wikipédia)
[2] Depuis 1999, il préside ledit Comité français pour la Sauvegarde de Venise. (Home page – COMITÉ FRANÇAIS POUR LA SAUVEGARDE DE VENISE (cfsvenise.com)) et est à la manœuvre pour la réhabilitation de son Palais royal.
[3] Académicien français, Pierre Rosenberg, né à Paris en 1936, est un conservateur, historien de l’art et collectionneur de renom.