Agrégé et docteur en histoire, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, Georges Minois (°1946) a publié de nombreux livres aux Éditions Perrin, dont les biographies de Bossuet (2003), Charles VII (2005), Charlemagne (2010), Philippe le Bel (2014), Charles le Téméraire (2015), Richard Cœur de Lion (2017), Blanche de Castille (2018), Charles Martel (2020), ainsi que La Guerre de Cent Ans (2008) et une Histoire du Moyen Âge (2016).
Il revient dans la même maison avec un ouvrage extraordinairement documenté, Richard III – Le roi maudit ?, dans lequel il se penche sur la courte vie (33 ans) et sur le règne aussi bref que controversé (2 ans) du souverain anglais à la réputation sulfureuse.
Richard III, né le 2 octobre 1452 au château de Fotheringhay et mort le 22 août 1485 à la bataille de Bosworth contre le dernier prétendant de la maison de Lancastre, Henri Tudor (1457-1509), qui lui succéda sur le trône, fut le dernier roi d’Angleterre de la maison d’York, de 1483 à sa mort.
Dernier-né de Richard d’York (1411-1460) et frère cadet du roi Édouard IV (1442-1483), titré duc de Gloucester en 1461, Richard participa, comme la plupart de ses contemporains, à la guerre des Deux-Roses[1] au cours de laquelle il se révéla un capitaine de grand talent.
Après avoir été nommé régent du royaume à la mort soudaine de son frère, Richard s’empara du trône au détriment de ses neveux Édouard V (1470-1483 ; il ne régna que 2 mois) et Richard de Shrewsbury (1473-1483), qu’il fit déclarer illégitimes et enfermer à la tour de Londres, puis assassiner.
Son court règne fut marqué par plusieurs soulèvements, et la postérité garde de Richard III l’image d’un tyran machiavélique et monstrueux, coupable d’infanticide, en premier lieu à travers le portrait que dressent de lui les chroniqueurs et historiens de la période Tudor.
La pièce Richard III (rédigée en 1591), œuvre de jeunesse de William Shakespeare (1564-1616), contribua à ancrer cette image.
Plusieurs tentatives de réhabilitation de Richard III ont néanmoins vu le jour, notamment au XXe siècle à travers la création de plusieurs associations dédiées à sa mémoire.
Son squelette fut redécouvert le 4 septembre 2012 à Leicester, sous un parking recouvrant un ancien prieuré franciscain.
Identifié grâce à des analyses ADN et d’autres preuves scientifiques, il fut inhumé à nouveau lors d’une grande cérémonie à la cathédrale Saint-Martin le 26 mars 2015.
Écoutons le biographe :
La brève existence de Richard III se situe au crépuscule du Moyen Âge et à l’aube de la Renaissance, en ces temps troublés de la guerre des Deux-Roses, une époque « pleine de bruit et de fureur », de meurtres et de trahisons, où les valeurs chevaleresques médiévales cèdent la place au réalisme froid des Temps modernes.
Richard incarne les déchirures de son époque : pieux, vertueux, courageux et nostalgique du passé féodal, il doit pourtant agir en prince machiavélien. C’est ainsi qu’il usurpe la couronne d’Angleterre en faisant disparaître ses neveux enfermés dans la tour de Londres et, après un règne de deux ans seulement, marqué par de multiples complots et exécutions, il périt à la bataille de Bosworth.
Cela, c’est le Richard des historiens, qui reste une figure énigmatique.
Mais ce destin tragique, transfiguré par le génie de Shakespeare, en a fait un roi maudit, un monstre absolu, qui disparaît en hurlant sa fureur impuissante : « Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! »
Fondée sur les chroniques tendancieuses de la propagande des Tudors, cette image théâtrale s’est largement imposée aux yeux du grand public.
Mais l’histoire n’est pas un tribunal et cet ouvrage se veut, sinon une réhabilitation, du moins une tentative pour comprendre un roi controversé qui incarne pourtant son époque.
Un essai aussi subtil que passionnant, qui se lit comme un page-turner !
PÉTRONE
Richard III – Le roi maudit ? par Georges Minois, Paris, Éditions Perrin, avril 2022, 505 pp. en noir et blanc au format 15,5 x 24 cm sous couverture brochée en couleurs, 25 € (prix France)
[1] La guerre des Deux-Roses désigne un ensemble d’affrontements, constituant globalement une guerre civile discontinue, qui eut lieu en Angleterre entre la maison royale de Lancastre et la maison royale de York. Elle est appelée ainsi en référence aux emblèmes des deux maisons, la rose rouge de Lancastre et la rose blanche d’York. Ce conflit est lié aux droits de succession de la couronne d’Angleterre. Il débute en 1455 et prend fin en 1485, quand Richard III meurt sur le champ de bataille et que Henri Tudor devient roi sous le nom d’Henri VII, fondant la dynastie des Tudors. (Source générale : Wikipédia)