Émule, à sa façon, d’Henri Guillemin (1903-1992), Bruno Fuligni (°1968) qui, comme l’historien mâconnais, a l’art de dénicher des sources originales dans tous les sens du mot[1], ressort[2] chez CNRS Éditions à Paris – rédigé avec une verve comparable à celle que l’on retrouve dans Victor Hugo par lui-même (1951) –, son essai intitulé Victor Hugo Président ! dans lequel il brosse non seulement un large portrait politique du poète romantique (1802-1885) dont les démêlés avec Badinguet[3] demeurent dans les annales et qui se rêva président de la République, mais au sein duquel il détaille aussi, en 99 points, le programme électoral du candidat Hugo, tiré de ses textes et discours politiques.
Quatrième de couverture :
« Pendant trente ans Victor Hugo rêva de l’Élysée. Déçu par les puissants, qui ont dédaigné sa “politique des idées”, le mage décide un jour d’en appeler au peuple. “Quelqu’un viendra, annonce-t-il aux Français, quelqu’un qui aimera à la fois la loi et le peuple, la patrie et la pensée, et qui aura cet honneur et ce bonheur de compléter la liberté par l’ordre et l’ordre par la liberté”.
Investi de cette mission sacrée, Victor Hugo va se déclarer candidat à l’élection présidentielle à deux reprises : pour le scrutin de 1848, mais il se désiste au début de la campagne officielle ; et pour l’échéance constitutionnelle de 1852, mais l’élection n’aura jamais lieu. Le coup d’État du 2 décembre rejette Hugo dans l’exil où, à défaut de présider la République, il va la personnifier. Mais, jusqu’à la fin de ses jours, le grand poète continuera de croire en sa destinée présidentielle.
Sur la République, le socialisme, l’Europe mais aussi la mondialisation, ce candidat, qui se disait “appartenir à tous les partis par ce qu’ils ont de bon et de légitime”, reste d’une actualité déroutante. »
Une sorte, en somme, d’ancêtre de la défense du Programme commun de gouvernement (1972) soutenu par François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1981 qu’il remporta.
Captivant !
PÉTRONE
Victor Hugo Président ! par Bruno Fuligni, Paris, CNRS Éditions, collection « Biblis », mai 2021, 204 pp. en noir et blanc au format 11 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 10 € (prix France)
[1] Il est régent du Collège de Pataphysique, ceci expliquant peut-être cela…
[2] La version princeps avait paru en 2002 aux Éditions de Paris-Max Chaleil.
[3] Surnom donné par les républicains à Napoléon III (du nom de l’ouvrier qui lui aurait prêté ses habits lorsqu’il s’évada du fort de Ham, en 1846).