Un grand gars de la marine…

Né Jósef Konrad Korzeniowski le 3 décembre 1857 à Berditchev, en Ukraine, et mort le 3 août 1924 à Bishopsbourne dans le comté du Kent, en Grande-Bretagne, Joseph Conrad est un écrivain anglais d’origine polonaise.

Dès son plus jeune âge, et sans avoir jamais vu la mer, il voulut être marin. Il embarqua à 17 ans comme mousse à Marseille sur un voilier, inaugurant ce qui serait une riche carrière d’officier de marine. Il fit ainsi pendant près de quatre ans son apprentissage en France pour entrer ensuite dans la marine marchande britannique, où il demeura plus de seize ans. Il obtint son brevet de capitaine au long cours le 10 novembre 1886, prit la même année la nationalité britannique, sous le nom de Joseph Conrad. Il parlait avec une égale facilité le polonais, l’allemand, le français et l’anglais, mais il décida d’écrire dans la langue de sa nouvelle patrie.

En 1890, recommandé auprès du capitaine Albert Thys, administrateur de la Compagnie du Commerce et de l’Industrie du Congo, il partit travailler comme capitaine de steamer pour la Société du Haut-Congo officiant dans l’État indépendant du Congo. Il fut engagé pour trois ans, mais ne réalisa qu’un aller-retour en steamer entre Stanley-Pool et Stanleyville avant d’être rapatrié en Europe pour dysenterie.

En 1891, après une hospitalisation à Londres et une convalescence à Champel en Suisse, Conrad leva l’ancre comme second sur le clipper Torrens pour l’Australie. Après un deuxième voyage à Adélaïde, il fut rayé des rôles du Torrens et, en novembre 1893, il appareilla sur le vapeur Adowa comme second, pour le Canada, avec escale à Rouen. En janvier 1894, l’Adowa rentra à Londres où il débarqua. C’était la fin de sa carrière maritime.

Son expérience a nourri une œuvre abondante de romans, de nouvelles et de mémoires entreprise en 1895 avec La Folie Almayer : Histoire d’une rivière d’Orient.

Ses œuvres, parmi lesquelles on pointera Inquiétude (1898), Au cœur des ténèbres (1899) – qui inspira Francis Ford Coppola pour son film Apocalypse Now –, Typhon et autres récits (1903), L’Agent secret (1907), Fortune (1913), La ligne d’ombre (1917), La Rescousse (1920) ou encore Carnets du Congo (1925, posthume) ont consacré Joseph Conrad comme un des plus grands écrivains de langue anglaise.

De tous les écrivains de la mer, Joseph Conrad est celui qui a restitué avec le plus d’authenticité la vie à bord d’un navire au temps où les grands-voiliers croisaient la route des premiers vapeurs.

Membre des Écrivains de Marine et invité permanent de l’Académie de Marine française, Dominique Le Brun (°1954), navigateur et grand voyageur, a rassemblé cinq textes de Conrad dans des traductions révisées au sein d’une compilation intitulée JOSEPH CONRAD – LE ROMANCIER DE LA MER (Paris, Les Presses de la Cité – Omnibus), à savoir Jeunesse (1898), Le Miroir de la mer (1906), Le Nègre du « Narcisse » (1897), Lord Jim (1900) et Le Frère-de-la-Côte (1923).

Jeunesse est une nouvelle de Joseph Conrad publiée en 1898 dans la revue Blackwood’s Magazine.

Résumé : Marlow se souvient de ses vingt ans et raconte l’histoire de la Judée partant pour Bangkok avec une cargaison de charbon…

Contexte : en 1881, Conrad embarque comme premier lieutenant sur la Palestine, un vieux trois-mâts barque en partance pour Bangkok. Le feu s’étant déclaré dans la cargaison de charbon, le navire est abandonné au large de Sumatra. À propos de Jeunesse, Conrad écrivit à André Gide, le 28 janvier 1913 : « C’est un bout d’autobiographie, tout simplement ».

Le Miroir de la mer est un recueil d’articles de Joseph Conrad parus dans différents périodiques entre 1904 et 1906. Le livre parut en août 1906 à Londres, en octobre à New York.

Publié en 1897 en feuilleton et en volumes, Le Nègre du Narcisse est le premier récit maritime de Joseph Conrad. Bien que le récit relève de la fiction, il n’en est pas moins nourri par certaines expériences vécues par l’auteur. Aux États-Unis, le roman fut rebaptisé The Children of the sea, le mot « nègre » (nigger) ayant en Amérique une connotation péjorative.

Résumé : Le voilier Le Narcisse quitte le port de Bombay en direction de l’Angleterre, avec à son bord un équipage hétéroclite. Sous les ordres du capitaine Allistoun et de son second Baker, on retrouve notamment le vieux Singleton, l’impétueux Craik, surnommé Belfast, Donkin, marin au comportement douteux, et James Wait, le seul Noir de l’équipage. Divers incidents viennent ponctuer la traversée : Wait tombe rapidement malade et reste confiné dans sa cabine. Au large du Cap, le navire essuie une violente tempête. L’équipage frôle la mutinerie à la suite d’une décision du capitaine. Finalement, le navire arrive à bon port. Wait meurt en vue des côtes et l’équipage se sépare.

S’appuyant en partie sur des expériences personnelles, Lord Jim (1900) raconte l’histoire de Jim, jeune officier de marine marchande britannique épris de rêves héroïques, mais marqué d’infamie : en effet, il a abandonné un navire en mer Rouge, le Patna, qu’il pensait être sur le point de sombrer, sans que les centaines de passagers embarqués n’en soient prévenus. Le reste de sa vie est consacré à tenter de restaurer sa dignité, en particulier à Patusan, territoire de l’Asie du Sud-Est.

Le Frère-de-la-Côte (ou Le Forban) est un roman publié en volume à Londres et à New York en 1923.

Résumé : Un marin français, Jean Peyrol, ayant quitté le service de la marine nationale pendant les guerres napoléoniennes, se retire dans une ferme de la presqu’île de Giens. Il y vit avec la vieille Catherine, la jeune Arlette et le sans-culotte Scevola. Un officier venu de Toulon, le lieutenant Réal, voudrait induire en erreur la flotte de Nelson en empruntant la tartane de Peyrol…[1]

Cette anthologie regroupe certaines des œuvres maritimes les plus remarquables d’un monstre sacré de la littérature anglaise.

PÉTRONE

Joseph Conrad – Le Romancier de la mer, ouvrage présenté par Dominique Le Brun, textes traduits de l’anglais par Georges Jean-Aubry, Robert d’Humières et Philippe Néel révisés par Dominique Le Brun, Paris, Éditions Les Presses de la Cité – Omnibus, janvier 2021, 815 pp. en noir et blanc au format 15,3 x 24 cm sous couverture brochée en couleurs, 28 € (prix France)


[1] Source : Joseph Conrad — Wikipédia (wikipedia.org)

Date de publication
samedi 13 février 2021
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