Deuxième fils d’une fratrie de cinq dont les parents d’origine marocaine ont immigré en Belgique en 1976, Ismaël Saidi est né à Saint-Josse-ten-Noode (Bruxelles) le 20 septembre 1976 et a grandi dans la commune voisine de Schaerbeek.
Son père possédait une modeste entreprise de taxi suffisant à couvrir les besoins familiaux. L’enfant ne manqua de rien.
Ismaël Saidi s’est engagé à la police en février 1996. Il y rencontra son épouse avec qui il a trois fils. En parallèle, il a étudié les sciences sociales [1]. Par ailleurs, dès 2004, il devint réalisateur de cinéma avant de s’orienter principalement vers le théâtre à partir des années 2010. La notoriété de ses œuvres reste alors plutôt confidentielle.
Il quitta la police en 2012, après une carrière de seize années, pour se consacrer entièrement à ses activités artistiques.
Début 2015, Ismaël Saidi est découvert grâce à sa pièce humoristique Djihad, dans laquelle il montre trois jeunes paumés se heurter à une situation cauchemardesque en Syrie, l’un naïf, l’autre idéologue borné, et le dernier qui se sur-victimise sans voir ses propres erreurs.
Dans une Belgique meurtrie par les attentats terroristes, cette pièce de théâtre est déclarée officiellement « outil pédagogique » et « d’utilité publique ».
Dans ce contexte, tout en militant pour la création d’un islam des Lumières, un islam moderne adapté à la société européenne [2], son auteur devient un phénomène médiatique, d’abord en Belgique francophone, puis en France où la pièce est recommandée par l’Éducation nationale.
De 2015 à 2020, Ismaël Saidi va donc parcourir l’Hexagone dans tous les sens, pour dialoguer avec un large public dans des lycées, mais aussi des communes rurales et des maisons d’arrêt.
De cette expérience, il a tiré un récit passionnant, Comme un musulman en France [3] (Paris, Éditions Autrement) dans lequel il donne à penser à propos du communautarisme et du discours « du quartier » qui élèvent des murs de fausses certitudes.
Écoutons l’auteur :
« “Vous avez le droit de me poser les questions que vous voulez, de me faire les remarques que vous voulez, il n’y a pas de tabou ici.”
Depuis cinq ans, plusieurs fois par semaine, j’ai cet échange avec les spectateurs de la pièce que j’ai écrite, Djihad, qui tourne à travers toute la France, la Belgique et la Suisse, le plus souvent à l’initiative des professeurs de français.
Dans des collèges, des lycées, des prisons, des salles des fêtes, je prolonge la représentation par un dialogue avec le public.
Lors de ces milliers de conversations, j’en ai entendu de toutes les couleurs : un véritable arc-en-ciel de craintes, de méfiance, de préjugés, tant chez des musulmans que chez des non-musulmans, dans les deux sens.
Parce que moi, musulman né en Belgique de parents marocains, je suis convaincu que ce qui compte, c’est avant tout de se parler et de s’écouter, j’ai choisi de susciter la parole, de répondre quand je le pouvais, de partager mes hésitations, parfois.
Ces échanges, les voici. Cette France de mille nuances, défiances et croyances, en voici le pouls. »
Avec l’espoir qu’il batte à l’unisson de celui du lecteur…
PÉTRONE
Comme un musulman en France
– Mon road trip dans les quartiers par Ismaël Saidi, Paris, Éditions
Autrement, janvier 2021, 187 pp. en noir et blanc au format 13 x 20,1 cm
sous couverture brochée en couleurs, 15 € (prix France)
[1] Il est gradué en relations publiques (Université libre de Bruxelles) et licencié en sciences sociales (Université catholique de Louvain-la-Neuve).
[2] Ce qui, bien entendu, ne manque pas de soulever des objections réactionnaires de tout bord…
[3] En écho à Heureux comme Dieu en France, un roman de Marc Dugain publié en 2002.