Ancienne élève de l’École normale supérieure (1983), agrégée de lettres classiques (1985) et auteure d’une thèse de doctorat défendue avec brio et intitulée L’Art médical de Galien, introduction, texte critique, traduction et commentaire, Véronique Boudon-Millot (°1962) est directrice de recherche au CNRS. Elle a présidé à la Sorbonne (2014-2018) aux travaux de l’équipe Orient et Méditerranée et elle est également l’auteure d’une biographie, aux Belles Lettres en 2012, du médecin Galien de Pergame qui soigna Marc Aurèle et son fils Commode.
Elle a fait paraître aux Presses universitaires de France un essai très éclairant intitulé Marc Aurèle dans lequel elle s’attache à comprendre la manière dont « celui que rien ne prédestinait à devenir empereur de Rome, formé à l’école des meilleurs maîtres, féru de philosophie et capable de s’exprimer aussi bien en latin qu’en grec, accéda au sommet d’un Empire lui-même à l’apogée de sa puissance ».
Elle explique aussi comment, protégé d’Hadrien (76-138), puis successeur d’Antonin le Pieux (86-161) à l’âge de quarante ans, Marc Aurèle (121-180) parvint à surmonter les nouveaux défis que constituaient les menaces barbares aux frontières, l’apparition du christianisme et la survenue d’une terrible épidémie de « peste antonine », et elle fait le récit de sa vie « qui éclaire la personnalité hors norme d’un réformateur épris de justice, guidé par des idéaux philosophiques exigeants [1], à la tête d’un Empire frappé par une crise protéiforme et d’une ampleur sans précédent ».
Ajoutons que cet empereur marque encore aujourd’hui d’une profonde empreinte la culture mondiale, par ses écrits à l’instar de ceux de Jules César, Épictète, Cicéron et Sénèque, ainsi que par ses nombreux bustes en marbre et même en or, sa colonne couverte de reliefs sculptés dans le marbre et sa statue équestre en bronze.
Copie de la statue équestre de Marc Aurèle, place du Capitole à Rome.
Photo prise par Jebulon.
La statue équestre de Marc Aurèle à Rome est la seule statue équestre romaine qui a survécu à l’époque moderne, peut-être parce qu’elle fut identifiée à tort au Moyen Âge comme une représentation de l’empereur chrétien Constantin le Grand, confusion qui lui aurait évité la destruction infligée aux statues de personnages païens. Coulée en bronze vers 175, elle mesure 3,5 mètres et se trouve aujourd’hui dans les musées du Capitole à Rome. La main de l’empereur est tendue dans un acte de clémence offert à l’ennemi vaincu. Depuis 2002, la statue figure sur les pièces de 50 centimes d’euro italiennes.
La colonne de Marc Aurèle, érigée à Rome soit dans les dernières années de sa vie, soit après son règne et achevée en 193, fut construite pour commémorer sa victoire n 176 sur les Sarmates et les tribus germaniques établies au nord du Danube. Elle mesure 29,617 mètres, soit très exactement cent pieds romains. Elle est encore en place sur son site d’origine, au centre de la piazza Colonna qui lui doit son nom. Une spirale de reliefs sculptés dans le marbre s’enroule autour d’elle, montrant des scènes des campagnes militaires de l’empereur. Une statue de celui-ci se trouvait au sommet de la colonne, mais a disparu au cours du Moyen Âge. Elle a par la suite été remplacée, en 1589 à l’initiative du pape Sixte V, par une statue de Saint Paul [2].
Colonne de Marc Aurèle à Rome.
Photo prise par Jebulon.
Un ouvrage passionnant consacré au souvenir d’un homme qui ne l’était pas moins !
PÉTRONE
Marc
Aurèle par Véronique Boudon-Millot, Paris, Presses
universitaires de France, septembre 2020, 167 pp. en noir et blanc au
format 11,5 x 17,7 cm sous couverture brochée en couleurs, 14 €
(prix France)
[1] Marc Aurèle est l’auteur des Pensées pour moi-même, un recueil de réflexions et d’aphorismes stoïciens de très haute tenue divisé en douze livres et rédigé en grec entre 170 et 180.
[2] Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Aur%C3%A8le