Lumière du monde était à peine sorti des presses que nos amis les progressistes-de-tous-les-médias, comme des otaries au cirque, applaudissaient des deux mains la bonne nouvelle : le grand Pontife ultramontain autorisait le port de la capote. C’était Noël avant l’heure : le monde entier allait pouvoir enfin baiser en paix. Du bouquin, une page et une seule sur 300 était donc retenue : la vieille Église cacochyme et rétrograde se connectait finalement au monde contemporain dans lequel, nous le savons, toute morale n’a le droit de cité qu’à la condition de se montrer « sympa ». Curieusement, au sujet du port de la burqa, les déclarations du Très Saint-Père-son-latin, dans ledit ouvrage, ne firent pratiquement aucun bruit, du côté des révolutionnaires en peau de banane. On pouvait pourtant y lire ceci : « On dit que certaines femmes ne portent pas du tout volontairement la burqa et c’est à proprement parler un viol de la femme. » « Mais si elles veulent la porter volontairement, je ne sais pas pourquoi on doit le leur interdire », ajoute-t-il, selon le texte original. Féminisme new school coulé dans le jus de la diversité ? Les femmes auraient maintenant le droit de disposer librement de leur burqa ? Sans blague ? Et tes sœurs ? Tant qu’on y est, pourquoi ne pas écrire : « Forcer des gamins à travailler, c’est dégueulasse, mais si les mioches y sont d’accord, y a plus de raison de se fâcher. » Au Vatican donc, depuis des lustres, on se prend la tête, façon byzantine, pour savoir si la virgule des mâles peut prendre un chapeau, mais quand soudainement la gent féminine pose question, on sait y aller plutôt franco : « N’hésitez pas, mesdames, à nous remballer ce paquet de viande qu’on ne saurait voir, tignasse comprise, et qui suinte le sexe de partout ! » L’antique misogynie, le cul dans le bénitier, copule ici avec les gros sabots d’un multiculturalisme tout poisseux de bonnes intentions et piétinant les valeurs, lesquelles n’ont de sens qu’à être universelles. Et nous laisserons la confusion entre universalité et uniformité aux trotskystes à roulettes et castro-entéristes du Monde Diplomatique…
TIMON DE BRUXELLES