Alain de Benoist (°1943) est un journaliste, philosophe et essayiste français. Auteur de plus d’une centaine d’ouvrages et de milliers d’articles et d’entretiens, il fut l’un des chefs de file de la « Nouvelle Droite » de 1968 au début des années 1980, et il reste aujourd’hui mal connu.
Intellectuel [1] néopaïen d’une extrême droite atypique, il appartient au petit nombre des penseurs français étudiés à l’étranger. En France, il reste ostracisé dans certains milieux, qui ne l’ont généralement pas lu.
Les entretiens à bâtons rompus avec François Bousquet rassemblés dans Mémoire vive (Paris, Éditions de Fallois) tentent de dissiper quelques malentendus. Alain de Benoist s’y explique pour la première fois sur son parcours personnel et sur son itinéraire intellectuel, centré sur la philosophie politique et l’histoire des idées.
Il faut dire que les engagements de l’homme sentent abondamment le soufre…
En 1961, il rédige avec François d’Orcival le journal clandestin de l’OAS Métro, France Information. Il adhère à la Fédération des étudiants nationalistes (FEN) et, en 1962, il prend en charge le secrétariat des Cahiers universitaires, revue de la FEN. Il entre alors en contact avec Dominique Venner et le groupe fondateur d’Europe-Action, dont il ne tarde pas à devenir l’un des principaux collaborateurs.
Dans ses premiers livres publiés respectivement en 1963 et 1965, il prend la défense de l’Algérie française et de l’Organisation armée secrète ainsi que du régime d’apartheid en Afrique du Sud, avant de se tourner vers la philosophie politique.
Il compte parmi les fondateurs, en 1968, du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (GRECE), principal mouvement du courant qu’Alain de Benoist appelle « Nouvelle Droite ».
En 1973, des membres du Cercle Pareto l’invitent à s’engager dans l’action politique. Il refuse catégoriquement, se montrant même « très hostile » à cette idée.
En 1976, il participe au lancement des éditions Copernic.
En juin 1978, son livre Vu de droite obtient prix de l’essai de l’Académie française.
À l’occasion des élections européennes de 1984, il a déclaré son souhait de voter en faveur de la liste communiste.
En 1986, il publie Europe, Tiers monde, même combat, un ouvrage qui prône le soutien aux luttes pour l’autonomie des peuples du tiers monde et l’alliance avec celui-ci contre l’impérialisme.
S’il ne cache pas avoir été dans sa jeunesse militant d’extrême droite, il se défend depuis longtemps de tout penchant pour le racisme et pour le totalitarisme, malgré les accusations dont il est régulièrement l’objet.
Proche de Gabriel Matzneff, il le fut aussi du militant gauchiste Guy Hocquenghem, et il s’est opposé aux considérations antimusulmanes et anti-immigration du Front national dont il conteste le jacobinisme et l’islamophobie.
Alain de Benoist désigne le libéralisme économique comme étant son « ennemi principal ». Selon lui, le modèle unique de développement économique, en faisant de la « valeur marchande l’instance souveraine de toute vie commune », est une menace pour l’identité culturelle des peuples. Il estime que les « pulsions individualistes et économicistes » conduisent à une « concurrence généralisée » et à la désagrégation du lien social.
Dans la revue Krisis (qu’il a fondée en 1986), Alain de Benoist a accueilli des textes de Jean-François Kahn, Jacques Julliard, Régis Debray, Jean Baudrillard ou encore Jean-Luc Mélenchon.
Il a par ailleurs apporté son suffrage à Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle française de 2017.
Sa bibliothèque, qui contient de 150 000 à 200 000 ouvrages, est la plus grande bibliothèque privée de France [2].
Dans Mémoire vive, à mi-chemin de l’autobiographie et du bilan philosophique, Alain de Benoist offre le portrait d’un homme à l’affût de tout, très loin des clichés et des caricatures de l’extrême droite « classique », et il fait défiler au fil des pages un demi-siècle d’histoire et de rencontres.
En cela, cet ouvrage parfois ardu constitue un document de haut intérêt pour les chercheurs…
PÉTRONE
Mémoire vive – Entretiens avec François
Bousquet par Alain de Benoist, Paris, Éditions de Fallois, mai 2012, 331 pp.
en noir et blanc au format 15,5 x 22,5 cm sous couverture brochée
en couleurs, 22 € (prix France)
[1] Après des études secondaires à Paris, aux lycées Montaigne et Louis-le-Grand, il étudie le droit constitutionnel à la faculté de droit de Paris, puis la philosophie, la sociologie et l’histoire des religions à la Sorbonne.