Titulaire d’un doctorat en histoire (Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 2001), maître de conférences en histoire ancienne à l’université Rennes II – Haute-Bretagne et chargé de cours à la Faculté de Philosophie et Sciences sociales de l’Université libre de Bruxelles, Jean-Manuel Roubineau (°1973) a publié précédemment à Paris, aux Presses universitaires de France, Les cités grecques (VIe-IIe siècle av. J.-C.). Essai d’histoire sociale (2015), couronné du Prix du Livre d’Histoire de l’Europe 2016, et Milon de Crotone, ou l’invention du sport (2016).
Il a fait paraître récemment chez le même éditeur une biographie décoiffante intitulée Diogène – L’antisocial retraçant le parcours et la pensée du philosophe antique hors normes et très carré.
Présentation :
« Platon a dit de lui qu’il était un “Socrate devenu fou”. Philosophe atypique, Diogène ne s’est interdit aucune extravagance, ne s’est soumis à aucune des conventions sociales en vigueur à son époque, le IVe siècle av. J.-C. Mais s’il est demeuré, jusqu’à nos jours, une figure familière de la culture occidentale, il le doit avant tout à son rôle dans la naissance d’un courant philosophique majeur, le cynisme.
Pourfendeur des théoriciens de la philosophie et adepte d’une philosophie en actes, Diogène choisit de mener une existence de mendiant et s’emploie à dénoncer les artifices de la vie en société. Successivement citoyen de Sinope, étranger en exil, esclave asservi par des pirates crétois puis affranchi, il illustre, de manière saisissante, la mobilité et l’insécurité sociales caractéristiques du monde grec ancien.
Surtout, refusant toutes les appartenances, de la famille à la cité, il est le premier à se déclarer citoyen du monde et invente un nouvel idéal : le cosmopolitisme. »
Extrait :
« Diogène est parti à la rencontre de ses contemporains sur leur terrain quotidien. Il se distingue en cela des maîtres des autres écoles philosophiques, qui privilégient un enseignement dans les lieux dédiés à l’éducation, à l’exemple du gymnase de l’Académie, à l’atmosphère studieuse, où enseigne son ennemi juté, Platon.
Avant lui, Socrate déjà avait fait de la cité son terrain de jeu. Mais, si Diogène a emboîté le pas de Socrate dans sa quête d’interlocuteurs à convertir à la philosophie, il n’a pas reproduit ses méthodes. Platon, qui a connu les deux hommes et a été en mesure de comparer leurs approches, conclut que Diogène serait un Socrate mainoménos, un “Socrate devenu fou”, reconnaissant implicitement, par cette formule, des éléments de continuité entre les deux philosophes.
Le grammairien Fronton, au IIe siècle apr. J.-C., pointe que, s’ils mettent tous deux de la force et du sérieux dans leur action, la différence entre Socrate et Diogène tient notamment à la méthode de transmission. Alors que Socrate choisit des discours courtois et affables, Diogène privilégie une parole rude et impétueuse. Les deux hommes ont été régulièrement rapprochés, au point d’être parfois confondus.
Une telle assimilation n’aurait sans doute pas été appréciée par Diogène, qui portait un jugement sévère sur Socrate, supposé s’adonner à une vie de mollesse, habitant une maisonnette, disposant d’un lit et de pantoufles. »
Un fameux personnage !
PÉTRONE
Diogène – L’antisocial par Jean-Manuel Roubineau, Paris, Presses universitaires de France, janvier 2020, 240 pp. en noir et blanc au format 11,5 x 17,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 15 € (prix France)