Francis Scott Key Fitzgerald, né le 24 septembre 1896 à Saint Paul (Minnesota) et mort à 44 ans le 21 décembre 1940 à Hollywood au milieu de l’indifférence à peu près générale, est un écrivain américain qui connut un succès foudroyant aux États-Unis en 1920 avec son premier roman, L’Envers du Paradis.
Après Les Heureux et les Damnés (1922), Fitzgerald écrit sur la Côte d’Azur ce qui est considéré comme son chef-d’œuvre, Gatsby le Magnifique (1925)[1], adapté au grand écran à quatre reprises[2].
Chef de file de la « Génération perdue » et représentant de l’« ‘Ère du Jazz », il est aussi celui qui lança la carrière d’Ernest Hemingway.
On lui doit encore deux romans, Tendre est la nuit (1934) et Le Dernier Nabab (1941, posthume et inachevé) ainsi que des recueils de nouvelles, parmi lesquels Les Contes de l’Âge du Jazz (1922) dont sont extraites L’étrange histoire de Benjamin Button et La lie du bonheur (Paris, Éditions Gallimard, collection « Folio »), deux textes d’une habileté remarquable, dont le premier a bénéficié d’une adaptation cinématographique par David Fincher en 2008[3].
Né à Mers-les-Bains en 1898, Eugène Dabit s’initia à la peinture dans les ateliers de la Grande-Chaumière au début des années 1920, avant de se consacrer à l’écriture.
Il publia en 1929, chez Robert Denoël, L’Hôtel du Nord, inspiré des souvenirs qu’il gardait de l’hôtel tenu par ses parents. Ce célèbre roman, qui fut adapté au cinéma par Marcel Carné avec Arletty, Louis Jouvet et Bernard Blier dans les rôles principaux, a été récompensé en 1931 par le premier Prix populiste.
Soutenu par André Gide et Roger Martin du Gard, depuis ses débuts, Eugène Dabit publie en 1930 Petit-Louis, roman d’apprentissage, où il décrit la vie à Paris pendant la Première guerre mondiale, puis au front. Son écriture économe, sobre, sans fard, contient un ton inquiet, presque fataliste, qui rend bien compte d’une « culture populaire ».
Son œuvre se poursuivit avec la publication de Villa Oasis ou Les faux bourgeois (1932), L’Île et Un mort tout neuf (1934), La Zone verte (1935), d’un recueil de nouvelles en 1936, intitulé Train de vies, d’un autre en 1937 (Le Mal de vivre et autres textes), d’une étude sur les peintres espagnols[4], ainsi que de Mémoires : Faubourgs de Paris en 1933 et Journal intime (1928-1936), qui parut à titre posthume en 1939.
Il est mort prématurément en 1936, à Sébastopol, au cours d’un voyage en URSS en compagnie d’André Gide. Il travaillait alors à la première partie du Mal de vivre, son septième roman resté inachevé.
Extraites de Le Mal de vivre et autres textes, les cinq brèves nouvelles publiées dans Fauteuils réservés et autres contes (Paris, Éditions Gallimard, collection « Folio »), dépeignent avec un lyrisme pudique quelques trajectoires d’hommes et de femmes du peuple de Paris : une nuit d’amour avec une prostituée, une rencontre dans un théâtre de faubourg, le croisement de solitudes rue de Belleville, un voyage en train dans un compartiment de troisième classe…
Poète « maintes fois déprimé », Marc Menu (°1961), qui a fait des études de bibliothécaire-documentaliste et a travaillé pendant vingt ans dans une école de cinéma, arpente, dit-il, les méandres de son existence avec la curiosité tranquille du passant.
De temps en temps, il s’arrête pour prendre note d’un paysage, d’une idée, d’une rencontre – le plus souvent, avec un sourire amusé. Parce qu’il serait assez peu convenable de prendre tout cela au sérieux. Voilà déjà quelques années qu’il laisse à son chien le soin d’écrire ses textes à sa place. Celui-ci manie l’ironie avec un certain bonheur et tout en remuant la queue – ce qui, reconnaissons-le, de la part d’un auteur, serait inapproprié.
Maintenant qu’il y pense – voilà déjà quelques années qu’on lui dit qu’il écrit mieux.
Le ton est donné, que l’on retrouve dans Alors, c’est du jazz (Louvain-la-Neuve, Éditions Quadrature), une compilation de micro-textes un peu grinçants aux entournures.
Extrait :
Dites que j’ai eu un accident
Il s’en est fallu d’un pneu.
S’il n’avait pas plu, le pavé n’aurait pas été aussi glissant.
Si les ouvriers communaux avaient fait leur boulot, il n’y aurait pas eu ces ornières.
Si le conducteur du camion avait été attentif, il aurait pu prévenir l’embardée.
Et s’il n’y avait pas eu cet embouteillage, l’ambulance serait peut-être arrivée à temps.
Ou la dépanneuse.
Et on aurait pu au moins sauver la moto.
Jean Chavot est né à Paris en 1955. Longtemps musicien, il est devenu scénariste et il se consacre à l’écriture d’essais et de nouvelles.
Son recueil intitulé Soixante minutes est une jolie compilation d’images prises sur le vif.
Exemple :
La monnaie
La petite vieille traine son indignation et son cabas à roulettes vers la caisse, entre les pousse-caddie et leur marmaille mal élevée. Faudrait voir à pas la bousculer. Encore moins à la doubler. Elle pose un à un ses achats sur le tapis roulant gris après avoir vérifié une dernière fois les étiquettes et les dates de péremption. Une réglette posée avec défi délimite son territoire à l’arrière garde de son bataillon d’articles.
Quelques bips plus loin, elle les fait disparaitre de nouveau dans son cabas sans fond et tend un billet tremblotant à l’inexcusable jeunesse de la caissière, non sans lui avoir fait répéter trois fois le montant.
Puis, tout à coup indifférente au grouillement qui l’entoure, courbée sur sa main creusée en écope, la petite vieille recompte sa monnaie.
Jacqueline Daussain, née à Namur en 1955, a publié Et je fais quoi, moi, maintenant ? en 2009 chez Quadrature à Louvain-la-Neuve et, 9 ans plus tard, La journée mondiale de la gentillesse dans la même maison.
À première vue, les protagonistes de ce recueil sont peu ambitieux. Ils essaient de garder leur job et leur conjoint, de réussir leur divorce, d’éduquer les enfants, de soutenir un proche, de se pencher sur un mourant…
À première vue…
Car les vacheries et la truculence ne sont jamais loin !
Même quand il s’agit de gentillesse…
Sam traverse les États-Unis pour retrouver son « super » pote Billy et finit sur le toit d’un château d’eau. Sally tombe en panne en pleine nuit sur une route déserte alors que la police traque un Petit Poucet qui sème les cadavres comme d’autres des cailloux. Tom rattrape sa fournée gâchée de cookies avant l’arrivée de Carrie dont il est amoureux depuis l’adolescence et qui tapine à Vegas…
Tout ça, bien sûr, c’est que des histoires.
Où rien ne se passe comme prévu…
En lisant les dix nouvelles qui constituent La plus jeune des frères Crimson, on constate que le Lyonnais Thierry Covolo, né au milieu des années 1960, a un penchant certain pour le roman noir à la sauce américaine.
Parfaitement digérée !
PÉTRONE
L’étrange histoire de Benjamin Button suivi de La lie du bonheur par Francis Scott Fitzgerald, Paris, Éditions Gallimard, collection « Folio », août 2019, 103 pp. en noir et blanc au format 11 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 2 € (prix France)
Fauteuils réservés et autres contes par Eugène Dabit, Paris, Éditions Gallimard, collection « Folio », janvier 2020, 87 pp. en noir et blanc au format 11 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 2 € (prix France)
Alors, c’est du jazz par Marc Menu, Louvain-la-Neuve, Éditions Quadrature, décembre 2020, 96 pp. en noir et blanc au format 10 x 19 cm sous couverture brochée en couleurs, 10 €
Soixante minutes par Jean Chavot, Louvain-la-Neuve, Éditions Quadrature, janvier 2019, 106 pp. en noir et blanc au format 10 x 19 cm sous couverture brochée en couleurs, 12 €
La journée mondiale de la gentillesse par Jacqueline Daussain, Louvain-la-Neuve, Éditions Quadrature, décembre 2018, 125 pp. en noir et blanc au format 13,5 x 21,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 16 €
La
plus jeune des frères Crimson par Thierry
Covolo, Louvain-la-Neuve, Éditions Quadrature, avril 2018, 123 pp. en
noir et blanc au format 13,5 x 21,5 cm sous couverture brochée en
couleurs, 16,90 €
[1] Raconté par un voisin devenu son ami, le roman tourne autour du personnage de Gatsby, jeune millionnaire charmant au passé trouble qui vit luxueusement dans une villa toujours pleine d’invités. Par certains aspects, le livre peut paraître une critique complexe de la bourgeoisie, de son opulence et de sa superficialité, où chaque personnage est prêt à tout pour parvenir à ses fins.
[2] En 1926, 1949, 1974, 2000 et 2013.
[3] Le film met en scène un homme, incarné par Brad Pitt, qui naît vieux et qui rajeunit au fil des années, et Daisy, sous les traits de l’actrice Cate Blanchett, qui vit une histoire d’amour avec lui tout au long de sa vie.
[4] Les Maîtres de la peinture espagnole (1937).