Rédigée sous la direction de Jacques André, agrégé de philosophie, psychanalyste et professeur de psychopathologie à l’université Paris-Diderot, la somme intitulée La vie sexuelle parue aux Presses Universitaires de France dans la collection « Que sais-je ? » rassemble et met à jour en un seul volume quatre ouvrages parus antérieurement chez le même éditeur, à savoir La Sexualité féminine (2009) et La Sexualité masculine (2013)[1], Les Sex-Addicts (2014)[2] ainsi que Les 100 mots de la sexualité (2011)[3].
Mêlant psychanalyse et médecine, les auteurs y font un tour d’horizon des sexualités féminine et masculine avant d’explorer l’addiction au sexe et de passer en revue le vocabulaire en usage de nos jours.
Extrait :
Libido
« Libido est un des rares mots latins dont l’usage reste courant dans le vocabulaire de la sexualité. Elle partage ce privilège avec cunnilingus, mais la dérive de sa signification lui est bien singulière – cunnilingus ne porte guère à la dérive, tout juste à l’opprobre ou à l’excitation rougissante. Libido était le mot latin pour désir. Il n’avait laissé en français que libidineux, souvent accroché à vieillard, ce qui lui valait la note péjorative du mépris compatissant.
Les savants du XIXe siècle ont ressorti ce vieux terme, Havelock Ellis avant Freud, en lui donnant une inflexion nettement quantitative. Moins désir, désormais, qu’énergie de la pulsion sexuelle. Si, dans le langage psychanalytique, la seule science à en faire usage, libido a un sens assez net, le langage commun lui a redonné son sens antique de désir sexuel. Qui nous dit aujourd’hui : « ma libido est en baisse », veut dire : je n’ai plus envie de baiser.
Pourquoi la langue usuelle de la sexualité est-elle plus près de la chose elle-même que la psychanalyse qui tient pourtant la sexualité pour son domaine ? À qui la faute ? Aux sexologues, qui ont tant œuvré à ramener la sexualité à son niveau le plus trivial ? Aux analystes, qui ont tant cherché à s’en éloigner, en quête d’une respectabilité morale ou scientifique, qui est au fond la même ?
Il faut cependant porter au crédit de la psychanalyse d’avoir étendu le champ de la libido à tout le désir humain en montrant ses capacités illimitées de transformation (sublimation), jusque dans les plus hautes œuvres de la culture qui, sans elle, n’auraient tout simplement pas de valeur. »
Un ouvrage fondamental sur un thème qui ne l’est pas moins !
PÉTRONE
La vie sexuelle, ouvrage collectif sous la direction de Jacques André, Paris, Presses Universitaires de France, collection « Que sais-je ? », septembre 2019, 478 pp. en noir et blanc au format 13,9 x 20 cm sous couverture brochée en couleurs, 18 € (prix France)
SOMMAIRE
Introduction générale
Première partie – LA SEXUALITÉ FÉMININE par Jacques André
Introduction
Chapitre premier – La vie sexuelle des femmes
Chapitre II – La théorie de Freud
Chapitre III – Prolongements et critiques de la théorie freudienne
Chapitre IV – L’autre théorie : Karen Horney et Melanie Klein
Chapitre V – Questions et perspectives
Bibliographie
Deuxième partie – LA SEXUALITÉ MASCULINE par Jacques André
Introduction
Chapitre premier – Les sources
Chapitre II – Figures
Chapitre III – Tableaux cliniques, littéraires et cinématographiques
Bibliographie
Troisième partie – LES SEX-ADDICTS par Vincent Estellon
Préliminaire
Introduction
Chapitre premier – Un taylorisme sexuel
Chapitre II – L’interdit, la transgression
Chapitre III – La sexualité addictive en psychopathologie
Chapitre IV – Problématiques cliniques
Chapitre V – La sexualité addictive à l’épreuve de la psychanalyse
Chapitre VI – Comment la sexualité addictive se construit-elle ? Quelques hypothèses
Chapitre VII – Perspectives thérapeutiques
Liste des 100 mots de la sexualité :
Abstinence, chasteté –
Adultère – Allumeuse – Amant/Maîtresse – Backroom – Bain de minuit – Baiser
(Le) – Bander, mouiller – Bonobo – Bordel – Cambrure – Caresse, tendresse –
Chair – Chevelure – Clitoridienne/Vaginale – Cochonnerie – Coming out – Coup de
foudre – Crime passionnel – Cruauté – Cul – Cunnilingus – Démon de midi –
Désirer – Devoir conjugal – Don Juan – Draguer, séduire – Échangisme –
Éducation sexuelle – Éjaculation précoce – Érotisme – Excision –
Exhibitionnisme, voyeurisme – Extase mystique – Faire l’amour, coucher, baiser
– Fantasme – Fellation – Femme fatale – Fessée – Fiasco, impuissance – Fist
fucking – Fleur bleue – Fornication, péché – Frigidité – Frustré, mal-baisé –
Godemiché – Harcèlement sexuel – Harem – Hétéro/Homo/Bi – Impur, souillure –
Inceste – Insulte, injure – Intimité – Jalousie – Jouissance, orgasme –
Libération sexuelle – Libertin – Libido – Lolita – Lubrique – Masturbation –
Migraine – Missionnaire, levrette, 69… – Nu – Nymphomane – Odeurs – Orgie,
partouze – Parents (Vie sexuelle des) – Passivité, activité – Pédophilie –
Pénétration, vaginisme – Pénis, phallus, bite, zizi… – Perversion – Poils,
épilation – Porno – Post coïtum animal triste – Préliminaires – Procréation,
contraception – Puberté – Pudeur – Putain, chienne, salope (rabaissement de la
femme) – S/M (sado-masochisme) – Sécrétions – Seins – Sexe, genre,
transsexuel – Sexualité infantile, sexualité de l’enfant – Sexuellement
transmissible (sida…) – Sodomie – Songes impurs, pollution nocturne – Sortir
avec – String (lingerie féminine) – Talons aiguilles – Transgression,
interdit – Travesti, drag-queen – Vagin, chatte, trou… – Viol – Virginité,
dépucelage – Virtuel, sexualité Internet – Zone érogène, point G.
[1] Tous deux par Jacques André.
[2] Par Vincent Estellon, quant à lui psychologue clinicien, psychanalyste et professeur de psychopathologie clinique à l’Université Paul Valéry – Montpellier III.
[3] Coordonné par Jacques André, ce dictionnaire des termes sexuels est centré sur la dichotomie entre l’instinct sexuel et les fonctions anthropologiques et dichotomiques de l’acte sexuel.