En grande partie fondé sur les publications de notre compatriote Paul Aron (°Bruxelles, 1956)[1], éminent professeur de littérature et de théorie littéraire à l’Université libre de Bruxelles, L’Art du pastiche – Anthologie buissonnière de la littérature française de Rutebeuf à Anouilh (Paris, Éditions Omnibus) présente en 196 textes, 95 grands noms de la littérature française pastichés par 71 auteurs.
Ils ont été choisis et sont présentés par Dominique Goust qui a longtemps dirigé le Livre de poche chez Hachette et a dirigé chez le même éditeur Les Mots français de Georges Gougenheim, Le Trésor des contes d’Henri Pourrat, les grands romans de Dostoïevski et Les Légendes du Moyen Âge de Michel Stanesco.
Voici le prière d’insérer de son ouvrage :
« Le pastiche est un véritable genre littéraire, certes mineur, qui fut en vogue jusqu’au début du XXe siècle et auquel se sont frottés les plus grands écrivains. Avec le pastiche, on se coule dans la plume d’un auteur pour restituer et faire revivre sa langue et son esprit – il se distingue de la parodie, qui se contente de reproduire ses tics par la caricature, et de la supercherie, qui cherche à abuser critiques et spécialistes.
La présente anthologie regroupe un choix de plus de 200 textes courts des plus grands écrivains de notre patrimoine littéraire sous l’habit que leur donnent leurs imitateurs les plus habiles. Le résultat est cette « anthologie buissonnière » qui revisite non sans humour l’histoire des lettres où l’on retrouve tous les grands noms, via des textes qu’ils n’ont pas signés, mais que l’on reconnaît pourtant.
Leurs pasticheurs, d’ailleurs, sont eux-mêmes des écrivains réputés : ainsi trouve-t-on Rutebeuf par Jean Moréas, Montaigne par La Bruyère, Molière par Courteline, Voltaire par Anatole France, Stendhal par Jacques Laurent, Verlaine par Arthur Rimbaud, Chateaubriand par Gustave Flaubert, Flaubert par Marcel Proust, Proust par André Maurois… et bien sûr des textes de pasticheurs virtuoses tels que Nicolas Chatelain, Charles Pornon ou Henri Bellaunay.
Ces textes sont accompagnés de notices sur les pasticheurs et les pastichés par Dominique Goust, qui signe également une longue préface sur l’importance du pastiche dans les lettres. »
Pour notre part, nous ne résistons pas au plaisir de citer le poème suivant, à la manière de Stéphane Mallarmé, composé par Henri Bellaunay :
Épris de la coupe et du bond
De quelque sphère ubiquitaire
Un incandescent supporter
Fixe la télévision
Il m’est certain que nuls yeux n’ont
Parmi le doute délétère
Jamais regardé 3 FR
De si anxieuse façon
Sa passion sans autre ambage
Ne veut rien tant que le passage
En la Division Première
Il est là unanimement
Dépourvu d’absence durant
Le repos dans les vestiaires
Funny, isn’t it ?
PÉTRONE
L’Art du pastiche – Anthologie
buissonnière de la littérature française de Rutebeuf à Anouilh, textes choisis et présentés par Dominique Goust, Paris, Éditions Omnibus, octobre 2019, 543 pp. en
quadrichromie au format 16 x 23 cm sous couverture brochée en
couleurs et à rabats, 24 € (Prix France)
[1] Histoire du pastiche, Presses universitaires de France, collection « Que sais-je ? », 2008 et Répertoire des pastiches et parodies, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2009 (ce dernier ouvrage en collaboration avec l’enseignant et bibliophile français Jacques Espagnon)